Les formidables Bavouzet et Takács-Nagy convainquent de nouveau dans ce cinquième volet de leur intégrale. Ils y rendent hommage au génie en herbe dont l’époustouflante maîtrise de la rhétorique musicale prend son essor dans ses premiers Concertos pour piano. Le mot « ouverture » est à l’ordre du jour, souligné de façon littérale par les cinq prologues opératiques (La Finta Giardiniera, Zaide, Le Songe de Scipion, Lucio Silla et Le Roi pasteur) jalonnant ces deux disques, mais aussi évoqué dans la forte vitalité des Concertos, dont certains premiers mouvements portent l’indication Allegro aperto.

Bavouzet, aux commandes d’un piano jubilatoire, s’attaque aux thèmes galants de ces œuvres de jeunesse qu’il éclaire de traits nets et d’un esprit enthousiaste. Le Concerto n°5 résonne telle une symphonie, solaire et vivifiante, à travers une riche palette née de l’imagination du pianiste, qui offre en outre une fabuleuse cadence dans le finale. Mais les Andantes des Concertos nos 5 et 6, un brin terrestres, ne sauraient prétendre au cantabile d’Uchida. Cela dit, Bavouzet s’intéresse davantage à la puissance du récit, soutenu avec allégresse dans le célèbre Concerto n°9, poignant dans l’Andantino. Àses côtés, Takács-Nagy obtient clarté et vigueur de son orchestre, notamment dans les Ouvertures, d’une énergie irrésistible. Cette entreprise se poursuit décidément sur les mêmes sommets.

Concertos pour piano nos 5, 6,
8 et 9. Ouvertures KV 126, 135,
196, 208 et 344

Jean-Efflam Bavouzet (piano),
Manchester Camerata,
dir. Gábor Takács-Nagy

Chandos CHAN 20137 (2CD). 2019. 2h04