BACH ADAMS CD

« Bach Minimaliste »
Œuvres de Bach, Górecki, Nystedt,
Adams et Alain — Louis-Noël Bestion de Camboulas (clavecin), La Tempête, dir. Simon-Pierre Bestion
— Alpha Classics 985

Partir du Concerto pour clavecin en ré mineur BWV 1052 de Bach pour arriver à Shaker Loops de John Adams, voilà le trajet original que propose Simon-Pierre Bestion, spécialiste des grands écarts temporels et des rencontres inattendues. « J’ai profité de l’énergie des deux mouvements rapides (l’Adagio central est absent) du concerto pour construire un programme qui bouscule l’histoire de la musique tout en exposant un récit, explique le chef. Il me semble important d’oublier les oppositions entre passé et modernité, de ne pas vouloir systématiquement faire s’entrechoquer les époques. » Si ni Górecki, à propos de son propre Concerto pour clavecin, ni Adams n’évoquent cette œuvre de Bach, ils ne pouvaient pas l’ignorer ; c’est une de ses plus célèbres.

Le titre « Bach minimaliste » peut évidemment intriguer mais Simon-Pierre Bestion le justifie facilement : « Le flux rythmique ininterrompu, sans pause ni respiration, qui parcourt ces deux pages du xxe siècle génère une énergie irrésistible et fascinante. Bach utilise des motifs très brefs qu’il développe ensuite peu à peu, comme ont pu le faire les minimalistes. Cette façon d’échafauder une telle construction reste unique à l’âge baroque. Il faudra attendre Beethoven pour constater un tel procédé. »

Après avoir présenté ce programme en concert, avec une conception scénique à base de vidéo et de lumières de Jemma Woolmore, La Tempête l’a enregistré. Sans caméra, uniquement avec des micros. Privé de sa dimension visuelle, une des signatures de l’ensemble, le projet ne perd-il pas de sa pertinence ? « Le résultat se montre assez différent. Le tempo s’accélère un peu et le jeu se concentre. L’enregistrement approche les instruments de l’auditeur, lui fait connaître une expérience immersive. L’effet sonore produit par le clavecin dans le concerto de Bach et son écriture dynamique me semblent plus électrisants que jamais. »