Dites-moi comment vous allez vivre, c’est le titre du livre que Rei, 11 ans, garde avec lui lorsqu’il assiste, caché dans une armoire, à l’arrestation violente de son père, en pleine répétition du Quatuor « Rosamunde » de Schubert avec trois étudiants chinois. Nous sommes à Tokyo, en 1938, un an après le déclenchement de la guerre sino-japonaise, l’impérialisme aveugle fait rage. Quelques minutes suffisent à briser une âme, mais toute une vie sera nécessaire pour reconstruire le violon et retrouver l’écho du père tant aimé. Les premières pages nous frappent par le maniement particulier de la langue française de cet auteur japonais. Sa plume est déliée, presque candide, cristalline, au service d’une histoire qui traverse les générations, à la manière d’un conte initiatique. Un livre qui déploie au fil des pages une grande subtilité, qu’il faut lire avec délicatesse, à l’image de ses dialogues cousus dans le tissu vif de la vie.

Âme brisée,
Akira Mizubayashi,
Gallimard,
256 p., 19 €.