
Satyricon
Crédit photo : AKG-Images / Album / Produzioni
Sous le règne de Néron, Encolpe et Ascylte, étudiants du quartier souterrain de Subure, cherchent à s’attirer la préférence de l’adolescent Giton. D’un banquet orgiaque à la détention sur une galère, d’une crise d’impuissance à la revigoration du glaive, du combat contre le Minotaure au Jardin des délices en passant par le rapt d’Hermaphrodite, le long métrage baroque de Fellini, librement adapté du roman lacunaire de Pétrone, est un festival de costumes bariolés et de faramineux décors génialement éclairés et captés par Giuseppe Rotunno. Le réalisateur y explore, dans un trip quasi psychédélique, la sexualité débridée confrontée au sentiment de déréliction dans les bas-fonds d’un empire en pleine déliquescence, où perversion, avidité et vilenie contaminent toutes les couches de la société. Vieux compagnon de route, Nino Rota signe sa B.O. la plus expérimentale, à coups de lyre rêveuse (Thème de Giton), d’ostinatos rythmiques et de barrissements de cuivres (Triomphe du nouveau César), de gémissements de deuil (Histoire de la matrone d’Éphèse), de mélopées de flûte ponctuées de percussion (Encolpe a perdu son glaive), de pastiche de kabuki (Le Feu des vestales) collant parfaitement, contre toute attente, à l’étrangeté crépusculaire de la Rome décadente.
Réalisateur : Federico Fellini
Sorte de Jean Cocteau italien, réalisateur, scénariste, acteur, dessinateur, écrivain, Federico Fellini naît à Rimini en 1920. Chantre d’une Italie mélancolique, aux frontières du rêve, il peint en images comme personne la Ville éternelle (sa mère était originaire de l’Esquilin) dans La Dolce Vita et Fellini Roma, jusqu’à la Rome antique de Fellini Satyricon. Il meurt le 31 octobre 1993, à l’âge de 73 ans.

Federico Fellini
SDP

Nino Rota
SDP
Compositeur : Nino Rota
De Giovanni Rota Rinaldi, né à Milan en 1911 et mort à Rome en 1979, on retient surtout les grandes envolées d’Amarcord, de La Dolce Vita, du Guépard, du Parrain ou de Roméo et Juliette. C’est oublier que ce musicien complet, dont le riche catalogue de musique savante ne compte pas moins de douze opéras (dont Un Chapeau de paille d’Italie), a laissé sa musique de film la plus radicale pour Satyricon, entre imitation de l’antique et musique du monde.
Pour en savoir plus : retrouver cet article dans le CLASSICA n° 254, à commander en ligne ici.