« Surprendre et émouvoir », tel est le mot d’ordre que s’est donné Michel Franck, directeur général du Théâtre des Champs-Élysées, pour cette 110e saison, son avant-dernière avant de passer le relais à Baptiste Charroing. Une programmation qui, une fois encore, devrait séduire tous les publics.

Les temps forts à ne pas manquer
  • 12 septembre : la programmation gravite autour de plusieurs temps forts qui annoncent une année particulièrement prometteuse, le premier étant sans nul doute l’ouverture de la saison par un concert de l’Orchestre et Chœur de la Scala de Milan sous la direction de Riccardo Chailly, dans un programme exclusivement consacré à Verdi.
  • du 21 décembre au 7 janvier : l’institution renoue avec le théâtre grâce à un partenariat avec la Comédie française. Le TCE accueillera ainsi Le Malade imaginaire de Molière (sur des intermèdes musicaux recomposés par Marc-Olivier Dupin), une production de 2001 mise en scène par le regretté Claude Stratz, avec Guillaume Gallienne dans le rôle-titre.
  • 5 février : à l’occasion du centenaire de la première venue de l’Opéra de Vienne au TCE, l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra de Vienne, sous la baguette de Philippe Jordan, donneront Don Giovanni de Mozart.
  • 26 avril : une coproduction Les Grandes Voix sera le cadre d’un très attendu duo entre la soprano Lisette Oropesa et le ténor Benjamin Bernheim. Accompagnés de l’Orchestre de l’Académie de la Scala de Milan, sous la direction de Marco Armiliato, les deux interprètes se réuniront autour d’airs et duos extraits d’opéras de Berlioz, Bizet, Offenbach, Donizetti…
  • du 20 au 29 juin : année des JO oblige, le dernier opéra mis en scène sera L’Olimpiade de Vivaldi, un projet qui a reçu le label « Olympiade Culturelle ». On aura le plaisir d’y retrouver Jakub Józef Orliński qui devrait nous réjouir les oreilles autant que les yeux en effectuant pour l’occasion quelques pas de danse (rappelons que le contre-ténor est également un fameux danseur de break dance), dans une mise en scène signée Emmanuel Daumas. Jean-Christophe Spinosi sera à la direction du Chœur et Orchestre Ensemble Matheus.
Une programmation lyrique qui explore tout le répertoire

Parmi les opéras mis en scène, on retrouve les incontournables Mozart (une nouvelle production de La Flûte enchantée, dans une mise en scène de Cédric Klapisch, avec Cyrille Dubois et Florian Sempey) et Rossini (La cenerentola, mise en scène de Damiano Michieletto). La scène du TCE accueillera également Boris Godounov dans sa première version de 1869, avec Matthias Goerne pour la première fois dans le rôle-titre. Après nous avoir enchantés par son diptyque Stravinsky/Poulenc (voir Classica n° 251), Olivier Py sera à la mise en scène de cette production portée par l’Orchestre national de France et le Chœur de l’Opéra national du Capitole sous la baguette d’Andris Poga.
La formule des opéras en version de concert, moins contraignante, permet de proposer un plus large éventail de productions. Cette année, la part belle est faite à Haendel puisque quatre de ses opéras seront donnés : Rinaldo (Thibault Noally au violon et à la direction), Berenice (avec Sandrine Piau et Il Pomo d’Oro), Jules César (on attend avec impatience Cecilia Bartoli en Cléopâtre) et Tolomeo (porté par le contre-ténor Franco Fagioli, que l’on retrouvera en récital avec le Kammerorchester). Si la programmation ne fait pas l’impasse sur des œuvres phares de Lully (Alceste et Atys, avec Véronique Gens dans les deux productions), Bizet (Carmen, Les Pêcheurs de perles), Rameau (Les Boréades avec Sabine Devieilhe), la programmation prévoit également Iphigénie en Tauride de Desmarest/Campra (moins donné que l’opéra homonyme de Gluck) par Hervé Niquet et Les Sept Péchés capitaux de Kurt Weill (avec Marina Viotti qui sera également l’Angelina dans La cenerentola). Après L’Or du Rhin donné en avril 2022, Yannick Nézet-Séguin, à la tête de l’Orchestre philharmonique de Rotterdam, poursuit la tétralogie de Wagner. La Walkyrie sera ainsi l’occasion de découvrir le ténor Stanislas de Barbeyrac pour la première fois le rôle de Siegmund, après avoir endossé les rôles de Don José dans Carmen (face à Marianne Crebassa) et de Faust dans l’œuvre de Berlioz (face à la Marguerite de Stéphanie d’Oustrac).
En marge des opéras, les spectateurs pourront entendre un Requiem de Mozart (Julien Chauvin et Le Concert de la Loge), Carmina Burana de Orff (Orchestre national de France sous la direction de Kazuki Yamada) ou encore l’Oratorio de Noël et la Passion selon Saint Matthieu de Bach qui marqueront les périodes de fêtes.
Les récitals permettront aux grandes voix de se produire dans un autre format : Philippe Jaroussky, Franco Fagioli, Matthias Goerne ou encore Marina Viotti réinvestiront ainsi la scène du TCE, avec piano ou orchestre. À noter également un concert autour des grandes voix lyriques d’Afrique, accompagnées de l’Orchestre de la Garde Républicaine et du Chœur de l’Armée française, ainsi que la célébration des vingt ans d’Opera Fuoco avec entre autres Karine Deshayes.

Une Cenerentola, opéra participatif pour jeune public.
Crédit photo : Vincent Pontet

À toute heure, pour tous les publics

La programmation lyrique ne représente bien sûr qu’une partie de la saison au TCE, qui propose également un vaste choix dans le domaine symphonique, la musique de chambre ou la danse.
À côté de l’Orchestre national de France, du London Philharmonic Orchestra (avec Hélène Grimaud) ou encore du Wiener Philharmoniker, Les Siècles, orchestre en résidence, multiplieront leurs apparitions dans des programmes variés allant de Mozart à Berg, jusqu’à une création d’Alex Nante. La saison de l’Orchestre de chambre de Paris n’est pas en reste, alternant les chefs (Thomas Hengelbrock, Maxim Emelyanychev, Matthias Pintscher, Christian Tetzlaff ou Ton Koopman) et les solistes prestigieux (Jean-Guihen Queyras, Renaud Capuçon, Elisabeth Leonskaja, Marie-Nicole Lemieux…).
On ne saurait non plus citer tous les brillants artistes qui viendront illuminer la programmation piano et musique de chambre, entre têtes d’affiche (Dmitry Masleev, Anne Queffélec, Nikolaï Lugansky, Fazil Say, David Fray…) et génération montante (Seong-Jin Cho, Yoav Levanon, Alexandra Dovgan…).
Fidèles rendez-vous du TCE, les concerts du dimanche matin proposent à nouveau une programmation à apprécier en famille : du piano (Benjamin Grosvenor, Adam Laloum), de la musique de chambre (Quatuor Modigliani, Trio Wanderer), un opéra (pour la première fois, avec Didon et Énée de Purcell) et des concerts pour jeune public (Babar et le Père Noël, Pierre et le Loup). Un jeune public qui est d’ailleurs toujours le bienvenu au TCE puisque cette année, pour faire pendant à la production de La Flûte enchantée, Une Petite Flûte sera donnée dans une mise en scène de Julie Depardieu. Opéra participatif d’après l’œuvre de Mozart, la pièce sera jouée en français sur plusieurs représentations dont une chansignée.
Après l’émotion suscitée par la Giselle du Ballet national d’Ukraine (voir Classica n° 249), les amateurs de danse et autres arts chorégraphiques ne seront pas non plus lésés cette saison : Vincent Dumestre et Le Poème Harmonique proposeront un Carnaval baroque, mêlant art du cirque, danse et musique du XVIIe siècle, d’Il Fàsolo à Monteverdi. La dixième saison de TranscenDanses s’articule quant à elle autour d’œuvres du répertoire et de créations, accueillant notamment le Ballet national de Norvège ou le Boston Ballet. La Compagnie François Mauduit donnera également une production, Dans les yeux d’Audray, librement inspirée de la vie d’Audrey Hepburn.

À voir aussi
➔ Pour en savoir plus sur la nouvelle saison du TCE, consulter le site de l’institution : https://www.theatrechampselysees.fr/saison-2023-2024