Max Emanuel Cenčić a su faire du Bayreuth Baroque une halte obligée pour les amoureux des contre-ténors et des répertoires oubliés. À l’occasion de cette troisième édition, le chanteur a fêté ses 40 ans de carrière avec un récital dédié à Senesino accompagné par l’Armonia Atenea de George Petrou. Aujourd’hui plus alto que mezzo, il a offert une leçon de bel canto haendélien. De plus en plus investi dans la mise en scène, il était très attendu dans la recréation, depuis 1740, d’Alessandro nell’Indie, un dramma giocoso du Napolitain Leonardo Vinci : quatre heures de frénésie dans un univers tenant de Bollywood et de la Chronique des Bridgerton. Franco Fagioli, Jake Arditti, Maayan Licht et Nicholas Tamagna, y ont brillé comme les castrats de jadis, leurs outrances comprises. La prouesse de cet opéra délirant n’aurait pas été possible sans la pléiade de jeunes talents aujourd’hui lancés dans la carrière de contre-ténor. La distribution entièrement masculine, danseurs compris, s’amuse avec les intrigues du roi Poro et d’Alexandre le Grand cherchant à conquérir la reine des Indes, Cleofide, incarnée par le sopraniste brésilien Bruno de Sá. Voix altière et confondante, ce « iel » improbable semble une réincarnation de Beverly Sills tant les notes aiguës sont livrées avec un naturel qui fait délirer l’applaudimètre. Cet Alessandro permit de découvrir le pétillant Orkiestra polonais dirigé du violon par Martyna Pastuszka. 

Crédit photo : Falk von Traubenber