Dix ans après une intégrale des symphonies à Amsterdam, Nikolaus Harnoncourt continuait ses recherches en concert à Berlin. Bien au-delà d’un instantané de l’art des interprètes, ce coffret témoignant d’une rencontre exceptionnelle constitue une pierre blanche dans la discographie schubertienne. Du côté du chef, on relève des tempi apaisés et un discours moins séquentiel faisant place à la continuité organique de ces pages.

Les phrasés se font tendres et ne cherchent plus les contrastes à tout prix. Du côté de la formation, la solennité hiératique qui empâtait les intégrales anciennes laisse la place à une ductilité qui émerveille, en particulier au sein de la petite harmonie et des cors, sans que la richesse des timbres qui a fait la renommée de l’orchestre ne s’évapore, au contraire. L’ensemble porte très haut le chant schubertien, peut-être comme jamais avant, avec une délicatesse stylistique qui n’a d’égale que son caractère contagieux.