Connu surtout pour ses âpres adaptations des pièces de Bertolt Brecht, relevant plus du théâtre musical que du répertoire lyrique, Paul Dessau fut un compositeur prolifique, essentiellement pour la scène et le cinéma. Sa musique demeurant aujourd’hui peu jouée, encore moins enregistrée, il faut remercier l’excellent Steffen Schleiermacher de nous avoir concocté un programme de pièces instrumentales couvrant les différentes périodes d’une vie créatrice intense. Composition de 1924, le Concertino pour violon solo témoigne d’une nostalgie innée pour le folklore de l’Europe centrale. Fuyant le nazisme, Paul Dessau émigre à Paris dès 1933. La Suite pour saxophone alto et piano donne le ton : il y a un hiatus entre les titres légers des mouvements et le ton inquiet de l’œuvre, loin des Années folles. Guernica, hommage à Picasso, montre à la fois l’engagement politique de Dessau et sa manière personnelle d’assimiler la théorie dodécaphoniste que lui a enseignée René Leibowitz.
Pendant son exil aux États Unis, à côté d’une production soutenue pour Hollywood, Dessau exprime ses racines juives dans des séries de danses pour piano à la fois très enfantines et très éloignées de leurs supposées sources. Bien que devenu américain, Dessau retourne en Allemagne en 1948, côté soviétique, dans l’espoir de jours meilleurs. Son utopisme se fracassera sur les réalités du régime, mais sa musique gardera une part de liberté, affranchie de toute influence.

Paul Dessau
Musique de chambre
Ensemble Avantgarde,
Steffen Schleiermacher (piano)
MDG 613 2158-2. 2019. 1h18