Otello de Rossini, Liège, Opéra royal de Wallonie, 21 décembre
L’Italie pré-mussolinienne, le racisme à l’œuvre et le jeu terrible des dominations. La vision du drame rossinien choisie par Emilio Sagi fait mouche. Les enjeux entre hommes de pouvoir et amoureux éconduits y tiennent d’ailleurs plus la rampe que Desdémone soumise à l’orgueil des mâles. Davantage opéra de ténors que de dames, cet Otello-là réclame des gosiers d’airain pour affronter sa terrible partition, notamment le sublime acte 3, d’une tension extrême.
Liège, entre pandémie et couvre-feu, a réussi à convier un superbe cast où ont brillé le Rodrigo impérial de Maxim Mironov et le Iago de Giulio Pelligra, admirable de noirceur. Empêché par un rhume, le baryténor Sergey Romanovsky fut remplacé par le vaillant Anton Rositskiy chantant le rôle-titre en bord de scène. Salome Jicia est une victime à l’émission d’une stature trop verdienne pour la partition. Maurizio Benini obtient de la phalange wallonne les tempi et la nervosité requises, dont se détachent les excellents pupitres de vent, très sollicités par ce Rossini tragique à souhait.

Crédit photo : J. Berger