Après sa résidence d’été au festival d’Aix-en-Provence, l’Orchestre de l’Opéra national de Lyon retrouve son public pour fêter ses 40 ans. Daniele Rustioni, son directeur musical, fait le bilan.

Daniele Rustioni ©MX

Daniele Rustioni. Crédit photo : MX

Vous entamez une septième saison aux côtés de l’Orchestre de l’Opéra de Lyon. Quelles ont été vos impressions lorsque vous avez rencontré les musiciens pour la première fois ?

J’ai apprécié leur grande sensibilité, ainsi que l’expressivité des cordes. C’est un orchestre très hétérogène qui se distingue par la volonté de travailler sans relâche. Il a développé un répertoire particulier et certains titres très populaires ne le sont pas à Lyon.

Comment expliquer cela ?

Nous sommes à seulement deux heures de TGV de Paris où l’on peut entendre tout le répertoire. C’est peut-être aussi dû à l’esthétique particulière de l’opéra qui est une boîte noire. Le public est complètement plongé dans l’obscurité, son attention est dirigée à 200  % vers la scène tandis que le son se propage de manière très directe dans la salle. L’acoustique avantageuse et la configuration particulière nous permettent de prendre des risques dans le choix du répertoire et des distributions.

Ressentez-vous la différence entre une formation de longue tradition et un orchestre relativement jeune comme celui de l’Opéra de Lyon ?

Oui, très nettement ! L’enthousiasme des musiciens est vraiment différent, avec une volonté de faire leurs preuves. Pour moi, c’est de l’or. Aujourd’hui, l’équilibre entre l’expérience et la technique des jeunes est idéal : nous avons la maturité de jouer du répertoire très difficile comme Falstaff, Guillaume Tell ou La Femme sans ombre – des grands chefs-d’œuvre de l’opéra.

Opéra de Lyon ©Stofleth

Opéra de Lyon. Crédit photo : Stofleth

Les 40 ans de l’orchestre ont été marqués par une succession de grands chefs. Ressentez-vous leur héritage dans l’interprétation des musiciens ?

John Eliot Gardiner a accompagné l’orchestre à ses débuts en apportant une direction esthétique, en particulier dans le style baroque. Lorsque les musiciens jouent Mozart ou Rossini, j’apprécie leur capacité à changer le son, le phrasé… Kent Nagano a insufflé une grande précision et une technicité à l’orchestre, en installant un « métronome intérieur ». Louis Langrée a développé le savoir-faire français, le son et le style de la formation tandis que Kazushi Ōno a aiguisé l’agilité de l’orchestre dans le répertoire du xxe siècle avec Prokofiev, Britten… Les musiciens s’illustrent dans tous les styles et passent de l’un à l’autre avec une grande facilité. C’est un atout majeur pour une telle formation. De mon côté, je suis là pour apporter de l’italianisme, du lyrisme et du chant, avec un accent particulier sur le romantisme du XIXe siècle afin de ramener ce grand répertoire à l’Opéra de Lyon.

Orchestre de l’Opéra national de Lyon. Crédit photo : MX

Quel est le plus gros défi de la saison à venir ?

Certainement La Fille du Far-West ! Car c’est l’opéra le plus difficile de Puccini avec les plus fortes dynamiques. On ne peut pas jouer un forte à l’Opéra de Lyon comme on le fait ailleurs ; il faut trouver le bon son pour notre salle, avec du caractère, mais en incitant les cuivres, les hautbois et les flûtes à jouer moins fort. C’est tout un travail de finesse.

Cette année vous avez dû réduire la saison à cause de contraintes financières. Est-ce que l’identité de l’Opéra de Lyon est en danger ?

Non, pas plus que le niveau des musiciens. Mais je suis inquiet pour l’offre culturelle, notamment autour du répertoire d’aujourd’hui. Notre société est vivante, et nous devons en être une résonance en présentant les nouvelles esthétiques.

À venir

Le 26 novembre

Beethoven
Kent Nagano
Opéra de Lyon

Le 13 janvier

Prokofiev, Ravel et Chausson
Kazushi Ono
Opéra de Lyon

Du 17 au 31 octobre

Strauss : La Femme sans Ombre
Mariusz Treliński
Opéra de Lyon

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