La musique? Un outil de cohésion sociale pour l’Orchestre de chambre de Paris (OCP), qui s’implique auprès des publics éloignés de la musique classique : l’ensemble collabore ainsi avec le centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin depuis 2014.

Si initialement, ce rapprochement a permis de proposer des concerts au sein de l’établissement, il a rapidement conduit, en lien avec le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation de Seine-et-Marne (SPIP 77), à la création partagée faisant intervenir artistes professionnels et détenus côte à côte sur scène. Le dernier projet en date, Un Homme qui marche, conçu et mis en scène par Héloïse Sérazin, d’après L’Histoire du soldat de Stravinsky, interroge le rapport à l’argent.

« ]’avais depuis plusieurs années lidée d’aborder cette thématique, car plus de 70 % des personnes incarcérées le sont pour des questions relatives à l’argent», commente Irène Muscari, coordinatrice culturelle du SPIP 77 depuis 2009, pour qui ce partenariat avec l’OCP est très précieux : « Il faut de grands professionnels qui vont à la fois apporter leur exigence et s’adapter au milieu carcéral, c’est un équilibre délicat que réussissent toujours à trouver les musiciens de l’OCP ». Des ateliers d’écriture, de mise en scène, d’apprentissage des textes et des chants ont été mis en place depuis septembre afin de préparer trois représentations. « La grande question est la suivante : estce que ça sert à quelque chose? Et j’ose y répondre, oui », ajoute Franck Della Valle, violon solo de l’OCP qui participe à ces ateliers auprès de Clara Bernier, cheffe de chœur, Céline Caussimon, autrice, Glenn Marausse, comédien, Loïc Félix chanteur, et de six autres musiciens de l’OCP. « Le plaisir du travail bien fait, la hiérarchie musicale et l’exigence d’un texte à respecter à la minute près apportent un cadre. Avec les personnes détenues, nous formons un grand groupe de musique de chambre, il n‘y a pas de verticalité même si nous, musiciens de l’OCP, avons un bagage différent. Et lors de ces ateliers, indéniablement, il se passe quelque chose », poursuit-il.

Crédit photo : Olivier Jobard

Ces personnes détenues sont rémunérées pour le temps consacré à la production du spectacle, avec, en ligne de mire, la perspective de leur future réinsertion sociale. « Un détenu incarcéré pendant deux, dix ou quinze ans perd contact avec le marché du travail. Le fait d’avoir un contrat avec des engagements à respecter apporte une dimension supplé­mentaire : c’est un projet artistique, mais aussi un projet de réinsertion», conclut Irène Muscari. La première représentation aura lieu le 10 novembre au Centre Pénitentiaire de Meaux-Chauconin. Les deux autres se dérouleront au théâtre de l’Athénée, les 19 et 20 novembre. Sur scène, sous la direction de Marc Hajjar aux côtés des musiciens de l’OCP, dix personnes détenues interpréteront à tour de rôle le personnage du soldat.