Les Noces de Figaro de Mozart, Paris, palais Garnier, le 21 janvier
Deux publics se croisaient ce soir de première : ceux qui découvraient Les Noces, séduits – forcément –, ils ont ri, mais qu’ont-ils ressenti ? Et ceux qui, les connaissant par cœur, irrités, ennuyés, comme ce témoin fasciné des Noces de Strehler à Garnier dès 1973 que je fus, consterné de voir et d’entendre « ça » ! Que la mise en scène de Netia Jones ne soit rien sans sa triste modernité agitée, c’est si banal aujourd’hui qu’on ne s’en offusquera même pas.
Croire qu’à exposer les loges et les coulisses de Garnier, on peut faire exulter Mozart, c’est confondre ripolinage de la pire tradition et travail de l’esprit.
Gustavo Dudamel ne fait guère mieux. Il a le sens de l’allant, certes, du son qui fuse, mais que de moments tombent à plat à courir sans que rien ne se passe, sans que la poésie mozartienne exhale ses émois ! Est-il seulement fait pour Mozart ? Afficher enfin une distribution aussi moyenne, où seul un Peter Mattei, vertigineux, se montre à la hauteur – théâtrale, vocale, personnelle – de ce qu’on a pu entendre ici, c’est ignorer autant l’esprit de ce théâtre que celui de Mozart. La production de Strehler, même édulcorée, aura régné quatre décennies. Combien de reprises pour celle-ci ? On parie ?

Crédit photo : Vincent Pontet/ONP