En mars dernier, l’Opéra du Capitole de Toulouse donnait un Tristan et Isolde très réussi, notamment grâce aux deux rôles-titres interprétés par Nikolai Schukoff et Sophie Koch.

Nikolai Schukoff et Sophie Koch dans le Tristan et Isolde de Nicolas Joel

Tristan et Isolde — Théâtre du Capitole, Toulouse
Crédit photo : Mirco Magliocca

Reprendre la mise à nu du drame lisible à l’extrême du défunt Nicolas Joel, créée en 2007, était déjà un pari. Si loin des surcharges de contenu du temps présent, on apprécie son vide débordant qui convient au mythe. Convier pour chaque personnage un interprète en prise de rôle, c’est osé, même si trois d’entre eux avaient ébloui, comme le chef, dans Parsifal en 2020 : car aucun n’est ici dans son domaine naturel. Anaïk Morel a pris de l’ampleur, de la personnalité, et sa Brangaene s’impose avec aisance. Matthias Goerne passant de baryton à basse – et peinant dans Sarastro – trouve en Marke un paysage vocal plus approprié, abordé en chanteur de récital, mais hélas sans émotion. Nikolai Schukoff s’attaque à Tristan avec la franchise vocale qui le caractérise, timbre élégant, et surtout lyrisme, un peu raide à l’acte I, gagnant en beauté au deuxième, et transcendant ses délires. Tenue de l’émission, fraîcheur de l’instrument, générosité de l’acteur, à fleur de peau, il est éblouissant ! Sophie Koch, medium plein, aigu sculptural, richesse des couleurs et des harmoniques d’un timbre de mezzo, projection impressionnante, n’est pas une vraie Hochdramatische, mais elle offre une Isolde noble, ardente, féminine, comme on n’en entend plus aujourd’hui. Exceptionnelle ! Le couple prend alors valeur d’évidence. Et le fait que Frank Beermann pousse l’orchestre à ce type d’emportement foisonnant qui en fait le foyer de l’action justifie la fête que leur fit un public subjugué. Un grand Tristan !

Aller plus loin