Ce samedi 17 juin, à Floirac, la Halle 47 accueillait l’opéra Orphée et Eurydice de Gluck, dans sa version révisée par Berlioz. Un lieu surprenant pour cette production portée par l’ensemble Pygmalion, dans le cadre du festival Pulsations dirigé par Raphaël Pichon.
Mémorable soirée que cet Orphée de Gluck version Berlioz proposé par l’équipe Pygmalion. Pas de salle d’opéra, mais un hangar industriel en banlieue de Bordeaux. On a cru un moment devoir assister à une rave mais ce fut d’abord un rêve éveillé. Dans un ingénieux dispositif immersif, le public, étonné, est d’abord convié au vin d’honneur des noces d’Orphée. Verres de bordeaux, musiciens fondus dans la foule, photos de famille, le bonheur est total, ponctué d’extraits de La clemenza di Tito et d’Alceste. Puis le drame s’installe…
Un opéra renouvelé
Ayant inversé le final heureux et la tragédie, le brillant metteur en scène Eddy Garaudel développe une sombre féerie fabriquée de quelques riens, des morceaux de bitume venus d’un chantier voisin pour les Enfers, des velums opportunément arrachés, des allumettes frottées au cœur de la nuit. Jouant des cent mètres de profondeur de la Halle 47, les trente-deux choristes et les trente-sept instrumentistes donnent au marmoréen Gluck une intensité inouïe. Raphaël Pichon sait comme peu faire respirer la musique faussement simple du Chevalier. Blandine de Sansal, Jacquelyn Stucker et Madison Nonoa, totalement investies dans les trois rôles de la hiératique partition, ne sortent pas indemnes de cet étonnant spectacle qui renouvelle la représentation lyrique et son économie. Les places, peu onéreuses, de cet opéra total se sont arrachées en quelques heures, tout comme les autres propositions atypiques du festival Pulsations appelé à devenir un rendez-vous incontournable de l’été.

Orphée et Eurydice, Halle 47, Festival Pulsations
Crédit photo : Fred Mortagne
Bordeaux, Halle 47, samedi 17 juin
Pour en savoir plus : consulter le site internet du festival Pulsations.