Un programme Mitteleuropa est confié à l’Orchestre national du Capitole pour la seconde journée du Festival Radio France Occitanie Montpellier.
La sélection Ligeti, Bartók et Dvorák construit une dynamique progressive depuis Lontano du compositeur hongrois, dont on célèbre le centenaire. Comme la Fantastique de Berlioz la veille, le concert est en direct sur France Musique et l’Union européenne des radios.
Avec ce riche programme, le chef pragois Petr Popelka entraîne l’excellente formation toulousaine, de retour du Festival de Colmar, dans ce parcours itinérant. Lontano (1967) est le point de départ « phare ». Son continuum sonore captive l’attention par les phases de fluctuation : les registres (du piccolo vers la clarinette contrebasse et le tuba), les textures miroitantes et les sobres polyphonies construisent « une toile d’araignée, la toile étant la totalité et le fil l’élément de base », dixit György Ligeti. Une préfiguration de la musique spectrale ?

Crédit photo : Luc Jennepin
Succédant à ce climat troublant, la délicatesse du Concerto pour violon et orchestre n° 1 de Béla Bartók est une halte rafraîchissante du voyage. La juvénile soliste Alena Baeva incarne cette parenthèse quasi néoclassique de Bartók par une concision rythmique et la pureté sonore de son Guarnerius. Si ces pages formaient une déclaration amoureuse du compositeur hongrois à la violoniste Stefi Geyer (en 1907), la personnification du violon est en tout cas palpable. En témoignent la douce introduction en solo, puis le dialogue contrepointé avec ses homologues de l’orchestre d’une flexibilité de liane. L’énergique esprit de danse fait irruption au second mouvement, sorte de rhapsodie qui regarde du côté de Till l’espiègle (superbe tuilage du piccolo, hautbois et violon soliste). Chaleureusement applaudie, Alena Baeva offre un bis virtuose, le Caprice de la compositrice polonaise Grażyna Bacewicz.

Crédit photo : Luc Jennepin
Le public s’accorde une longue halte avec la Symphonie n° 6 d’Antonín Dvorák (1881). Longue… pas tant pour le temps écoulé des quatre mouvements que pour son développement plutôt laborieux en dépit de l’indéniable influence brahmsienne. Certes, les jeux des bois de l’Allegro introductif et la nostalgie slave de l’Adagio sonnent bien, sans doute mieux que le final manquant d’orientation. Heureusement le célèbre scherzo Furiant impressionne par ses accentuations rythmiques décalées, spécifiques de cette danse bondissante de Tchéquie que le chef pragois fait virevolter.
Crédit photos : Luc Jennepin
Pour en savoir plus : consulter le site du Festival de Radio France Occitanie Montpellier.