Rares sont les ouvrages lyriques se confrontant à l’histoire contemporaine. Nixon in China, voulu par Peter Sellars en 1987, le fait avec éclat et survit depuis très bien à son metteur en scène original, rappelant que l’essentiel à l’opéra, c’est le compositeur.
Un mythe de la société du spectacle
Transmutant une tradition européenne faite de Wagner, Mahler, Richard Strauss, en un écrin minimaliste protéiforme avec aussi un zeste de Duke Ellington, le chef-d’œuvre de John Adams captive toujours par sa capacité à créer une forme plastique capable de conter une rencontre devenue un mythe de la société du spectacle. Comme souvent à l’Opéra de Paris depuis l’arrivée d’Alexandre Neef, il n’y a pas ici de fantasme hasardeux ni de vision alambiquée plaquée sur l’œuvre. Les tableaux narratifs conçus par Valentina Carrasco infusent un imaginaire pop déjouant tout esprit de sérieux.
Des joueurs de ping-pong ouvrant l’œuvre aux scènes burlesques de Mao et des Nixon en passant par le dragon et l’aigle symbolisant les forces en puissance, son dispositif associe dans un subtil dosage humour et sens du tragique, trivial et politique.

Crédit photo : Christophe Pelé/ONP
Thomas Hampson campe avec aplomb un Nixon erratique quand Renée Fleming séduit en Pat Nixon solaire. Kathleen Kim en Madame Mao et Xiaomeng Zhang en Zhou Enlai sont tout aussi exceptionnels, à l’image d’une distribution et d’un orchestre très investis sous la direction de Gustavo Dudamel qui apporte souplesse, couleurs et vivacité à un opéra en fusion perpétuelle.