Le Festival d’Aix-en-Provence s’est installé l’an dernier au Stadium de Vitrolles, monumental OVNI architectural noir signé Rudy Ricciotti, trop vite abandonné, et qui retrouve désormais vie quelques soirs de canicule. Le parti, cet été, était d’offrir les trois grands ballets de Stravinsky à l’imagination créative de trois cinéastes, Rebecca Zlotowski, Bertrand Mandico et Evangelía Kranióti, livrant ainsi leur commentaire, ponctuation, ou sensation visuelle sur les œuvres jouées sur le plateau. Exercice de création réinventant une histoire – une réincarnation pour L’Oiseau de feu, un défilé de mode branché SM pour Petrouchka, une vision ethnographique du monde amazonien pour Le Sacre du printemps (la moins agaçante) – sensé apporter dépassement et liberté.

Crédit photo : Jean-Louis Fernandez
Ces propositions se sont hélas révélées confondantes de platitude et de prétention. Utilisant des rushes de films antérieurs, des dessins animés (la partie la plus inventive, mais n’est pas William Kentridge qui veut), elles imposent un vide nombriliste qui n’en phagocyte pas moins la performance de l’Orchestre de Paris et de Klaus Mäkelä, exceptionnelle dans la tenue technique et plus encore dans l’inépuisable énergie qu’elle apporte aux partitions, à l’aise dans ce lieu qui révèle finalement une acoustique de bon aloi. Chapeau bas devant la phalange musicale en osmose avec son chef et ces trois joyaux étincelants, pour avoir résisté à cette invasion d’images, et ainsi tenu en haleine, trois heures durant, un public qui leur a justement fait fête.
Festival d’Aix-en-Provence, Stadium de Vitrolles, le 10 juillet
Crédit photos : Jean-Louis Fernandez
Pour en savoir plus :
- Consulter la page dédiée à ce concert sur le site du Festival d’Aix-en-Provence.
- Lire notre compte rendu de Così fan tutte donné à Aix cette saison.