Première apparition d’Asmik Grigorian au Festival d’Aix-en-Provence, en récital, en compagnie de son compatriote Lukas Geniušas. Programme russe, avec sept mélodies de Tchaïkovski et surtout onze de Rachmaninov, dont un disque Alpha Classics, superbe, dit la capacité de la chanteuse lituanienne, devenue en quelques années l’une des reines de la scène lyrique, à investir ce domaine avec bonheur.
La question préalable était sa capacité à plier sa grande voix et son fabuleux talent de bête de scène à un univers plus intime. Le corps, gainé de métal captant en reflets l’or des éclairages et le noir de l’ombre, se fait ici neutre, les bras tout autant, tout se concentrant sur le visage et le regard, intenses foyers d’expression.

Asmik Grigorian
Crédit photo : Vincent Beaume

Lukas Geniušas
Crédit photo : Vincent Beaume
La maîtrise de l’instrument est totale, souple, ample, capable de tous les allégements intimistes, de tous les éclats somptueux, confondante de beauté. Et c’est pour mieux montrer à quel point le monde russe lui est propre. On songe immédiatement, à l’entendre, aux références Vichnevskaïa et pour Rachmaninov, Söderström, pour installer un vrai niveau de comparaison possible. La vie apportée à ces textes signés Tolstoï, Pouchkine, Goethe, Heine (traduits) est saisissante. La complicité avec Geniušas, comme naturelle, fait le reste, en fluidité, en liquidité sonore et quand il lance une des études de Rachmaninov en interlude, c’est au-delà de la noblesse, pour s’y montrer monumental, et magique, comme toute la soirée.
Aix-en-Provence, Conservatoire Darius Milhaud, le 9 juillet
Pour en savoir plus :
- Consulter la page dédiée à ce concert sur le site du Festival d’Aix-en-Provence.
- Lire notre compte rendu du Triptyque de Puccini à Salzbourg avec Asmik Grigorian dans les trois rôles féminins.