Quand un standard napolitain devient un succès planétaire, il y a du King dans l’air !

On ne dira jamais à quel point certaines icônes de la pop music, de la variété, du rock ont permis d’offrir à la postérité des noms un peu méconnus, de faire perdurer leurs airs. Ainsi, on ne peut pas dire qu’Eduardo di Capua (1865-1917) compte parmi les personnalités les plus connues de la musique italienne. Pas un génie, bien sûr, mais un petit maître auquel on doit entre autres un véritable « tube » du bel canto le plus léger : O sole mio.

La légende voudrait qu’en 1898, lors d’un voyage en Ukraine, ce chanteur – également auteur et compositeur – ait imaginé cette mélodie, d’après un poème de son compatriote Giovanni Capurro. Enregistrée pour la première fois en 1907, cette canzonetta napolitaine s’est imposée au fil des ans comme un incontournable pour tout ténor (ayant envie de s’amuser) qui se respecte – Caruso et Pavarotti en tête. Mais cet hymne au soleil, très allégorique, va connaître bien des adaptations. Et, en premier lieu, se transformer en love song très explicite chez Le King. Soit l’un de ses plus grands succès : It’s Now or Never.

Le tour est joué

Crédit photo : SDP

Après avoir entendu une transposition d’O sole mio signée Tony Martin, Elvis Presley va vouloir proposer en 1960 sa propre version. Aaron Schroeder et Wally Gold vont donc rédiger un texte, loin des aspirations solaires originales – traduisons les premiers mots, qui donneront le ton et le sujet : « C’est maintenant ou jamais / Viens me serrer fort / Sois mienne ce soir / Demain il sera trop tard. » Un rythme légèrement cha-cha, des chœurs, quelques notes de mandoline, la voix à la fois virile et sirupeuse d’Elvis et le tour est joué : It’s Now or Never s’écoulera à plus de vingt millions d’exemplaires dans le monde – un comble, quand on sait qu’Eduardo di Capua est mort dans la misère…

Ça ne sera d’ailleurs pas la seule incursion, loin de là, du King dans le classique : Tonight is so Right for Love est un décalquage à peine voilé de la barcarolle des Contes d’Hoffmann d’Offenbach, Today, Tomorrow and Forever détourne volontiers le Liebestraum n° 3 de Liszt et Can’t Help Falling in Love s’inspire assez explicitement de Jean-Paul-Égide Martini et son Plaisir d’amour.

L’appropriation culturelle peut bien sûr dérouter mais, après tout, certains fameux casinos de Las Vegas, cité chère à Elvis Presley, ne s’appellent-ils pas Bellagio, Caesars Palace ou The Venetian ?