Comme tant d’autres activités réunissant du public, les salons ont souffert de la pandémie et ont dû rester portes closes. Le numérique, pourtant si présent dans l’industrie du son et de l’image, a eu beau multiplier ses efforts pour se faire l’écho de quelques innovations, il n’a pas pu satisfaire l’attente des amateurs, ni faire oublier le plaisir de voir et, surtout, d’entendre les nouveaux appareils mis sur le marché. On peut continuer de regretter des conditions d’écoute pas toujours optimales dans ce genre de manifestation, on doit bien reconnaître que rien ne peut se substituer au contact avec les appareils et, bien évidemment, à l’écoute et à la découverte de nouveaux écrans. À l’heure où nous écrivons, le Paris Audio Video Show va bientôt ouvrir ses portes, après deux années de silence, et annonce ce qui attend le curieux et le passionné : quelque quatre-vingts exposants et trois cents marques du son et de l’image.

On sait, bien sûr, que, dans le domaine musical, les deux extrêmes vont encore cohabiter : d’un côté le disque vinyle, de l’autre le streaming et la dématérialisation et, au milieu, le CD et le SACD. Les pages de notre rubrique résument bien cette tendance. Par ailleurs, de plus en plus d’enceintes se font actives, c’est-à-dire qu’elles intègrent l’amplification dans leur coffre et y ajoutent très souvent un convertisseur. Il suffit alors de leur connecter, avec ou sans fil, un smartphone, un ordinateur, un lecteur de CD, une platine tourne-disque ou un téléviseur. L’amplificateur devient alors superflu et cet appareil sera peut-être amené à disparaître plus vite que le lecteur de CD, n’en déplaise à certains. On profitera de ces quelques lignes pour rappeler que l’édition discographique sait encore proposer des objets magnifiques que les fichiers numériques et autres PDF ne sauraient remplacer : songeons au magnifique livre-disques consacré à Marian Anderson publié par Sony Classical, maître incontesté en la matière.
La parenthèse refermée mais l’esprit grand ouvert, on peut se demander combien de temps durera l’engouement pour le disque microsillon. Sa seule qualité sonore (on n’écrit pas, à dessein, supériorité) ne saurait tout expliquer : l’esthétique de la platine et la présence physique de l’objet y contribuent, c’est incontestable. Peu importe, après tout, comment on écoute la musique, l’essentiel est de pouvoir l’apprécier en direct et non de loin à travers son écran et ses médiocres haut-parleurs d’ordinateur. Dans un salon, dans son salon ou n’importe où. Pour qu’elle reste vivante.