Toujours aussi créative, Meredith Monk revient, à 77 ans, avec un album revisitant certaines de ses pièces des années1980. L’Ensemble Bang on a Can All-Stars propose des orchestrations de titres qui n’ont souvent été interprétés que par la compositrice, laquelle occupe une place à part dans la famille minimaliste. Alors que Steve Reich ou Philip Glass sont repris à tout bout de champ, le statut d’artiste totale de Meredith Monk, chanteuse, chorégraphe, cinéaste, et l’aspect performatif de sa musique l’ont quelque peu isolée.

Les compositeurs ici à la manœuvre dans Bang on a Can All-Stars, Julia Wolfe, David Lang, Michael Gordon et quelques autres, présentent de séduisantes adaptations orchestrales des pièces de Monk – on retiendra notamment l’efficacité psychédélique de Tokyo Cha-Cha. Mais les nouvelles orchestrations réalisées par la compositrice elle-même sont aussi à distinguer, comme pour Migration ou Gamemaster’s Song, à l’origine un percussif duo piano-voix devenu un excitant exercice vocal pour Theo Bleckmann.

À la croisée de la pop et du minimalisme, cette musique si tranchante incarne toujours avec panache cet esprit new-yorkais tout en excentricités que Meredith Monk sait si bien affûter. Bang on a Can All-Stars est impliqué, les chanteurs magnifient les onomatopées et les vocalises, et, malgré certains thèmes inévitables, on échappe aux vertus du quinoa et à l’avenir du féminisme. Bref, un disque hautement recommandable, d’une féerie constante.

MEREDITH MONK
(née en 1942)
« Memory Game »
Meredith Monk, Vocal Ensemble,
Bang on a Can All-Stars
Cantaloupe CA21153. 2016-2018. 49’