Après La Périchole la saison dernière, Marina Viotti revient au Théâtre des Champs-Élysées avec Cenerentola de Rossini, L’Olimpiade de Vivaldi, et plusieurs concerts.

Marina Viotti. Crédit Photo : Sabine Boesch
Vous êtes devenue l’une des mascottes du Théâtre des Champs-Élysées !
J’y suis entourée de gens qui me soutiennent. Loyauté et fidélité sont des valeurs qui comptent beaucoup pour moi, et je peux déjà vous dire que cette collaboration se poursuivra dans les années à venir.
De Haendel à Kurt Weill, cette saison vous allez couvrir deux siècles de musique…
Ma force, c’est la versatilité. J’aime ces grands écarts. À chaque fois, j’essaye de m’approprier le style pour mieux défendre chaque répertoire. Christophe Rousset m’a initiée au baroque, Marc Minkowski m’a fait découvrir Rameau. Tout cela m’enrichit vocalement et humainement, en me poussant vers des endroits où je ne pensais pas forcément aller.
On vous entendra en décembre dans La Chauve-souris en concert. Encore un domaine qui vous attire ?
L’opérette, c’est la joie, on s’amuse et on espère que le public va rire ! Ce genre, que mon père aimait
beaucoup, a toujours fait partie de ma vie. Mais le mélange de parlé et de chanté est très exigeant, il faut savoir projeter le texte sans se fatiguer
Outre vos deux prises de rôles au TCE, une troisième vous attend à Zurich: Carmen.
Oui, c’est un peu le graal des mezzos, un rôle que j’ai souvent refusé ces cinq dernières années. Je pense avoir seulement maintenant les armes nécessaires en termes de vécu, de souffle, etc.
Et toujours pas de Mozart en vue ?
J’ai fait mon premier Chérubin l’an dernier mais je rêve de Sesto ou de Ramiro. En tant que mezzo colorature, on me propose surtout Haendel et Rossini. Je me sens prête pour le rôle-titre de La Favorite, et pour Roméo dans I Capuleti ed i Montecchi. Dans l’espoir de donner des idées aux directeurs de théâtre, j’ai enregistré un disque Mozart qui sortira cette saison.
Vous avez d’abord un autre disque à paraître, en duo avec Adriana González.
Avec Adriana, nous n’avons jamais besoin de nous concerter, nous ressentons les choses de la même façon, naturellement. Et jamais elle ne tire la couverture à soi dans ces magnifiques mélodies françaises en duo, presque toutes inconnues !
Votre troisième actualité de la rentrée est un livre écrit à quatre mains : Et si le monde était un opéra?
J’ai connu Gabrielle Halpern en khâgne, elle était très Kant et moi plutôt Nietzsche.
Des années plus tard, dans son discours philosophique sur l’hybridation, j’ai retrouvé beaucoup d’idées que je défends à travers la pratique du crossover et même de l’opéra en tant qu’art pluridisciplinaire. Ce thème ancré dans notre époque me paraît à même d’aider l’opéra à se renouveler sans perdre son essence. Dans Roméo et Juliette à l’Opéra Bastille, il y avait des lumières très rock, des costumes modernes, et c’était plein chaque soir. Et dans L’Olimpiade de Vivaldi, je devrai me transformer en championne de breakdance, face à Jakub Józef Orliński qui, lui, sera censé être nul!
Comment réagissez-vous aux exigences de la mise en scène?
Pour Carmen, je sais déjà que je vais devoir sur monter une certaine pudeur pour aller vers plus de sensualité. J’ai aussi un côté très masculin, j’ai pratiqué le rugby, et je m’en sers au théâtre, même si la scène m’a fait développer un côté plus féminin dans la vie. Il y a un échange constant entre ce qu’on apporte et ce qu’on reçoit. C’est génial d’être mezzo, car on chante les méchantes, les femmes fatales, les jeunes filles, les jeunes hommes… Je veux être une chanteuse tout terrain.
Pour Carmen, je sais déjà que je vais devoir sur monter une certaine pudeur pour aller vers plus de sensualité. J’ai aussi un côté très masculin, j’ai pratiqué le rugby, et je m’en sers au théâtre, même si la scène m’a fait développer un côté plus féminin dans la vie. Il y a un échange constant entre ce qu’on apporte et ce qu’on reçoit. C’est génial d’être mezzo, car on chante les méchantes, les femmes fatales, les jeunes filles, les jeunes hommes… Je veux être une chanteuse tout terrain.
Propos recueillis par Laurent Bury
Pour plus d’informations
Consulter le site du Théâtre des Champs Elysées