La richesse des pages pour violoncelle solo de Boccherini a donné à Sonia Wieder-Atherton l’envie de les sortir de leur environnement, d’en faire éclater l’invention et la modernité, d’y joindre un cymbalum apportant les timbres et les couleurs d’un instrument populaire et proche de la danse, et aussi un violon se jouant des ombres et des lumières. À partir de ces données, elle a arrangé, avec Françoise Rivalland, deux Concertos de Boccherini, en ut G. 477 et en ré G. 479, non sans supprimer (ou fortement réduire en transcriptions) leurs ritournelles orchestrales. Pour un troisième, en ré G. 476, elles ont ajouté une contrebasse et un basson. Ce n’est pas tout : elles font suivre les deux premiers mouvements de G. 479 et les trois de G. 476 et 477 de cadences de même longueur pour basculer vers la musique répétitive, une procession en Espagne, le jazz ou l’opéra.
Certaines cadences sont dues à elles-mêmes, d’autres, à des auteurs dont on ne nous dit rien, les trois
dernières proviennent du répertoire : Suite italienne d’après Pulcinella de Stravinsky (1932), à propos de laquelle le compositeur lui-même aurait dit justement qu’il s’agissait de recréer la musique à partir de la nouvelle instrumentation, une pièce de Kurtág et Alcina de Haendel. Démarche osée, mais dont on constate l’efficacité : homogénéité de style du début à la fin, pas de rupture entre les « d’après Boccherini » et les cadences. Qu’on le veuille ou non, une réussite.

LUIGI BOCCHERINI
« Cadenza »
Concertos G. 476, 477 et 479
Sonia Wieder-Atherton (violoncelle),
Amaryllis Billet (violon),
Robin Billet (basson),
Rémi Magnan (contrebasse),
Françoise Rivalland (cymbalum)
Alpha 667. 2020. 1h12