« Les Esprits » (1808) et « L’Archiduc » (1811) constituent, par leur plénitude et leur élan, l’essence même de la musique de chambre. Le défi est de taille pour les musiciens d’aujourd’hui, face à une concurrence qui ne s’est jamais démentie : Beaux Arts Trio à deux reprises (Philips), Stern, Rose et Istomin (Sony), Schneider, Casals et Istomin (Sony, pour « L’Archiduc » seul), voire Szeryng, Fournier et Kempff (DG) ou Zukerman, Du Pré et Barenboim (Warner). Le Trio Chausson, fondé en 2001 par des étudiants du Conservatoire de Paris, a acquis depuis ses lettres de noblesse et s’affirme comme l’un des meilleurs ensembles dans sa catégorie. Leur interprétation, toujours engagée, d’une belle animation rythmique (les mouvements vifs du Trio « Les Esprits ») et d’une densité sonore soutenue (Andante cantabile à variations de « L’Archiduc »), révèle une constante justesse de ton. Le sens des contrastes (Allegro vivace e con brio du n°5, Scherzo du n°7) et la dimension narrative dont fait preuve cette formation témoignent d’une approche maîtrisée.
Toutefois, pour combler totalement les attentes, il manque cette part de mystère et de second degré qu’une exécution parfois trop dynamique (la rudesse du clavier de Boris de Larochelambert) tend à obérer, malgré une prise de son homogène et naturelle. Un second choix dans ces œuvres déjà bien représentées au disque.

Ludwig van Beethoven
Trios avec piano n°5 « Les
Esprits » et n°7 « L’Archiduc »
Trio Chausson
Mirare MIR 500. 2019. 1h03