Dans la pluie d’enregistrements qui ont accompagné l’anniversaire beethovénien, celui de la violoniste Tamsin Waley-Cohen et du pianiste Huw Watkins consacré à trois Sonates de Beethoven ne sort pas vraiment du lot. Il est vrai que ces œuvres ont connu, et connaissent encore, des versions d’exception
que l’on a souvent renseignées; le duo Gatto et Libeer, par exemple, s’est illustré récemment dans une intégrale remarquée chez Alpha. Dans ces pages où la part du clavier est souvent affirmée avec autorité, Huw Watkins se montre assuré et présent, s’exprimant en compositeur plus qu’en partenaire complice
(Allegro con brio de la Sonate n°1, Rondo final de la Sonate n°5 « Le Printemps »). Le dialogue en pâtit quelque peu et souffre parfois d’un manque d’implication et d’énergie. Peu soucieuse de dynamique, souvent contenue dans ses élans et dans le vibrato, la violoniste évite, quant à elle, les coups de boutoir, en particulier les sforzandos déjà présents dans la Sonate n°1.

Mieux réussie, la Sonate n° 8 se révèle volontiers gracieuse, voire gracile, sous un archet fluide sans véritable aspérité, où l’ampleur des respirations est le plus souvent contrainte (Allegro initial de la Sonate n°5). Somme toute, cette lecture ne laisse pas un souvenir indélébile. Retournons donc aux légendaires Grumiaux et Haskil, Francescatti et Casadesus, Ferras et Barbizet, Oïstrakh et Oborin, Perlman et Ashkenazy, Kremer et Argerich, ou plus près de nous, Faust et Melnikov – et, bien sûr, Gatto et Libeer.

Sonates pour violon et piano
nos 1, 5 et 8

Tamsin Waley-Cohen (violon),
Huw Watkins (piano)

Signum SIGCD618. 2019. 1h03