Louis Langrée, le chef, quittera Cincinnati à la fin de la saison 2023-2024. Explications.

Louis Langrée
© 2021 Cincinnati Symphony Orchestra
Pourquoi avez-vous décidé de mettre un terme à vos fonctions auprès de l’Orchestre de Cincinnati ?
J’aurai passé onze ans auprès des musiciens pour une mission qui dépasse très largement la direction musicale : les orchestres américains ne sont quasiment pas subventionnés, il faut rechercher des fonds de mécénat, devenir porte-parole et capitaine de l’institution.
Le bilan est très positif : nous avons fait de belles tournées, élargi la formation, créé 36 œuvres… L’orchestre a enrichi sa palette de couleurs, gagné en esprit d’initiative, et il joue désormais avec encore plus de flexibilité. Ce serait donc confortable pour moi de rester, mais il faut savoir céder la place. Je préfère partir deux ans trop tôt plutôt que deux minutes trop tard.
Comment l’orchestre a-t-il traversé la pandémie dans le contexte américain ?
Beaucoup d’orchestres ont cessé leur activité ces derniers mois – nous nous sommes battus pour que notre activité soit maintenue, et avons réuni des fonds pour acheter des caméras et proposer du streaming. Entre janvier et avril, la politique de l’Ohio m’a permis de diriger 19 concerts publics dans notre salle à jauge réduite en triplant ou quadruplant les représentations. Aujour-d’hui, la plupart des gens sont vaccinés, on peut jouer sans distanciation et en pleine capacité. La pandémie a décimé les orchestres, et beaucoup de musiciens ne reviendront pas. Cela crée un boulevard pour la jeune génération.
Comment envisagez-vous l’avenir ?
Ma vie de chef m’a emmené du monde lyrique au symphonique ; j’ai fréquenté les Orchestres philharmoniques de Berlin, Vienne, Londres, New York, Tokyo, en passant également par la Scala, l’Opéra de Vienne, le Met ou Covent Garden. Mais c’est à Glyndebourne et à l’Opéra Comique que j’ai été le plus heureux. Mon pays m’a beaucoup manqué pendant la pandémie ; j’ai désormais envie de rentrer en France, et de rendre tout ce que j’ai appris pendant quarante ans.