Eliminatoires, 9 novembre

Troisième et dernier jour des éliminatoires, avec une journée placée sous le signe de la virtuosité avec deux personnalités qui se distinguent : Zijian Wei et Michael Davidman.

Zijian Wei, Chinois de 24 ans, propose un Presto de Poulenc souriant et malicieux. Son interprétation de la Sonate n°2 de Chopin est très habitée. Clarté et éloquence sont à l’œuvre dans le Tic Toc Choc de Couperin tandis que son Liszt, Fantaisie sur des thèmes du Figaro et de Don Giovanni de Mozart très maîtrisé, avec une sonorité ronde et soyeuse et un vrai sens de la dramaturgie.

C’est moins le cas du candidat Sud-Coréen qui lui succède, Seunghyun Lee, 28 ans, qui privilégie une sonorité très claire au prix parfois d’une certaine dureté, notamment dans une 2ème sonate de Chopin un peu martelée. Mais il obtient de belles couleurs dans la sonate n°4 de Scriabine.

Marcel Tadokoro, candidat franco-japonais de 29 ans, élève de la jurée Rena Shereshevskaya, livre une vision assez objective de la 2ème Sonate de Chopin. Il surprend avec son choix des Variations op.3 de Szymanowski, une œuvre qui met en valeur son côté explosif.

La matinée s’achève avec Junho Cha, Coréen de 24 ans, qui possède d’indéniables qualités de toucher, à l’œuvre notamment dans la 4ème sonate de Scriabine. Mais on regrette des tempi très rapides dans le reste de son programme, qui donne à l’ensemble un côté expéditif.

L’après-midi reprend avec une personnalité atypique et déconcertante, l’Américain de 25 ans Michael Davidman. Dans la Sonate n°2 de Chopin, il surprend avec son introduction lente qui s’enchaîne sur un agitato électrique et survolté. Rubatos étirés, ralentis ponctuent son interprétation très personnelle et non moins convaincante. Il joue le Tic Toc Choc de Couperin, avec la même facilité insolente. Sa Toccata de Ravel est un véritable feu follet. Tantôt grisant, tantôt agaçant.

Arisa Fujisawa, Japonaise de 29 ans, ne passionne pas, avec beaucoup de petits effets de style dans Rameau. Sa prestation s’achève sur un Scarbo tiré de « Gaspard de la Nuit » de Ravel, à la noirceur et la difficulté redoutables. Elle parvient à donner un côté menaçant à ces pages, sans pour autant atteindre la folie qu’on pourrait espérer dans cette partition.

Quanlin Wang, pianiste chinoise de 23 ans, démarre avec un Rappel des Oiseaux de Rameau très affecté. Sa 2ème sonate de Chopin est souple et chantante mais manque de vision d’ensemble, malgré de jolis timbres.

Kim Hayoung, Coréen de 21 ans, propose une vision surprenante de la 2ème sonate de Chopin, avec des changements de discours inattendu. Son Presto de Poulenc est très bien réalisé tandis qu’il donne un Tic Toc Choc de Couperin qui frôle la sensiblerie. Il termine avec la 6ème Rhapsodie hongroise de Liszt, d’une virtuosité débridée.

Place à Taekgi Lee, Sud-Coréen de 26 ans. Son jeu retient l’attention par une sonorité soyeuse et exquise. Dans la 2ème Sonate de Chopin, il prend le temps de chanter. Son Poulenc est plein d’allégresse. Mais on regrette une Barcarolle de Chopin très maniérée dans laquelle il se laisse trop aller au « beau son ».

La Coréenne Yeonsoo Do, 20 ans, clôture cette journée très dense. Si son jeu est au début du Chopin un peu raide et fermé, il s’ouvre au fur et à mesure et se déploie dans une Chaconne de Gubaidulina, libre et emportée qui s’achève dans une forme de magma sonore.

Résultat des éliminatoires

Sur les 32 candidats, 10 sont admis en demi-finale :

Michael Davidman, USA

Paul Lecoq, FRANCE

Yiming Guo, CHINE

Valère Burnon, BELGIQUE

Masaya Kamei, JAPON

Heeseong Noh, COREE DU SUD

Youl Sun, COREE DU SUD

Kotaro Shigemori, JAPON

Wei Zijian, CHINE

Hyuk Lee, COREE DU SUD