Louis XIV fut-il vraiment le seul soleil des arts ? Et Versailles le séjour unique du Grand Siècle ? Quand le roi et sa cour s’y installent définitivement, en 1682, sa lumière commence à être disputée par des « cours parallèles ou concurrentes et [des] foyers artistiques autres ». Les dauphins, les Condé à Chantilly, la duchesse du Maine à Sceaux, Philippe d’Orléans au Palais-Royal, la princesse de Conti à Versailles, les hôtels particuliers du Marais, sans oublier les collèges jésuites, ont développé des sociabilités et des sensibilités nouvelles, parfois dans une posture dissidente manifeste.

Le goût du souverain ne peut alors plus prétendre guider le pays et doit écouter celui de son temps et des plus jeunes générations. Souffle ainsi une « fureur de composer des sonates à la manière italienne » et une envie de s’abandonner aux divertissements de Campra, Bernier et autres Montéclair et Morin. Cet ouvrage collectif, signé des meilleurs spécialistes (Catherine Massip, Barbara Nestola, Jean Duron, Thierry Favier, Thomas Leconte), d’une richesse incomparable, permet d’apprécier cette « dynamique du passage de la culture de cour à une culture des élites » pour « réévaluer la nature du fameux modèle versaillais ». Indispensable.

Les Foyers artistiques à la fin du règne de Louis XIV (1682-1715). Musique et spectacles, sous la direction d’Anne-Madeleine Goulet, Brepols, 446 p., 65 €.