L’Académie Bach prend soin de proposer un programme original distribué dans les environs d’Arques-la-Bataille, siège du festival, et de sa voisine Dieppe.

Académie Bach ©Robin H. Davies.

Académie Bach © Robin H. Davies

Rien de tel que la mer pour larguer les amarres et partir à la découverte de nouvelles contrées ! Et pour réussir le départ et scruter l’horizon, autant s’installer sur un promontoire, en bord de côte. Aussi la vingt-sixième édition du Festival de Musique Ancienne en Normandie, organisé par l’Académie Bach, a-t-elle choisi pour son premier concert la petite église de Varengeville-sur-Mer, en Seine-Martime, plantée en haut de la falaise, face à l’Angleterre. L’Angleterre figurait d’ailleurs au programme de ce rendez-vous, et plus particulièrement l’Angleterre élisabéthaine et ses compositeurs.

L’ensemble de violes L’Achéron, conduit par François Joubert-Caillet, gambiste bien connu pour sa superbe intégrale Marin Marais (Ricercar), rejoint par un quatuor de garçons du Trinity Boys Choir, propose une traversée musicale « sur un navire britannique ». John Dowland, Thomas Tallis, Thomas Tomkins, Alfonso Ferrabosco Jr sont bien sûr à bord, munis de quelques-unes de leur partitions sacrées et profanes, vocales et instrumentales. De la prière aux ayres, des mots de marins (The Golden Vanity) aux maux d’amour (Can she excuse my wrongs), de la dévotion (Here me, O God) à la navigation (The Bay of Biscay, O !), entre voiles, violes et voix, le voyage réserve bien des surprises et des contrastes. Les chanteurs compensent leurs (inévitables, à cet âge) fragilités par un style et un sens du récit impeccables, solidement soutenus par un quatuor de violes et une harpe qui maintiennent le cap et varient les éclairages.

Académie Bach ©Robin H. Davies.

Académie Bach © Robin H. Davies

Un programme original

Toujours à Varengeville, dans le musée Michel Ciry, les portraits et paysages du peintre, disparu en 2018, accueillent Alexeï Lubimov et un superbe piano Pleyel de 1841. L’acoustique favorable du lieu magnifie les basses généreuses et le médium chantant d’un instrument historique qui semble immédiatement chantant et chaleureux. Octogénaire l’an prochain, le pianiste russe doit parfois s’incliner devant Chopin (Scherzo n° 1) et Brahms (Rhapsodies) mais il offre des Schubert (Impromptus) et des Mozart (Sonate K. 310, Fantaisie en ré mineur) d’une spontanéité, d’une éloquence et d’une sensibilité touchantes.

Comme à l’accoutumée, l’Académie Bach prend soin de proposer un programme original, distribué dans les environs d’Arques-la-Bataille, siège du festival, et de sa voisine Dieppe : une journée de conférences sur Pascal, à l’occasion des quatre cents ans de sa naissance suivie d’un concert réunissant Benjamin Lazar et Claire Lefilliâtre, des récitals d’orgue par Maude Gratton, Field et Chopin par Florent Albrecht, de la musique italienne du XVIe siècle par l’Ensemble Phaedrus… Très prometteurs, les derniers rendez-vous convoquent, ce soir, jeudi 24 août, les ensembles Tasto Solo pour des motets de Philippe de Vitry, puis Les Épopées dans une évocation de Port-Royal, vendredi, Maude Gratton et Rémy Cardinale sur des pianos Pleyel et Érard anciens (Fauré, Debussy, Satie, Ravel) et, samedi, Vox Luminis dans l’Ode à sainte Cécile de Haendel et le Magnificat de Bach. Embarquement immédiat !

Pour plus d’informations

Académie Bach – Festival de Musique Ancienne en Normandie. Jusqu’au 26 août

www.academie-bach.fr

Tél : 02 35 04 21 03