L’orchestre de François-Xavier Roth s’installe cette saison au théâtre de l’avenue Montaigne et invite le public à redécouvrir les répertoires symphonique et lyrique des xixe et xxe siècles en son original.
« C’est notre première résidence réelle à Paris et j’ai été très touché par l’invitation de Michel Franck [directeur du Théâtre des Champs-Élysées], s’enthousiasme François-Xavier Roth. Notre ensemble va ainsi prendre une autre dimension, à travers des concerts, des opéras et des rendez-vous pédagogiques. » Cet accueil durant toute la saison permet en effet de retrouver l’orchestre Les Siècles et son chef, dans les répertoires qui ont forgé son identité : la musique française, le romantisme allemand (Wagner) et ses prolongations (Mahler, la Seconde École de Vienne), sans oublier la musique russe, en particulier Stravinsky qui a donné le coup d’envoi des festivités le 30 septembre dernier. Les trois ballets, L’Oiseau de feu, Petrouchka et Le Sacre du printemps, en une seule soirée, ont ainsi permis d’apprécier la solidité de l’ensemble, la virtuosité et la musicalité souveraine des pupitres, les timbres spécifiques des instruments d’époque, qui, incontestablement, bousculent les équilibres habituels, adoucissent la lumière (les cuivres, notamment, bien moins perçants) et, comme l’explique le chef, « renvoient à la modernité des œuvres et révèlent une conscience autre du son et de l’articulation». Des considérations qui s’accompagnent toujours « de beaucoup d’humilité car le vernis d’assurance et la sûreté instrumentale tout de suite s’envolent. Ces instruments se montrent très capricieux, très fragiles. Mais il ne faut jamais oublier que derrière, il y a des musiciens. C’est l’essentiel.» Stravinsky reviendra pour une après-midi orientalisante destinée au jeune public et une série de représentations du rare Rossignol, accolé aux Mamelles de Tirésias de Poulenc sous le regard d’Olivier Py.

Crédit photo : Jean-Baptiste Millot
La musique française qui réussit tant aux Siècles et à son chef, comme en témoigne leur série d’enregistrements pour Harmonia Mundi (Pelléas et Mélisande de Debusy, les Ravel) sera invitée à la soirée d’anniversaire des 20 ans de l’orchestre dans un programme qui convoque, entre autres, Debussy (Prélude à l’après-midi d’un faune), Ravel (La Valse) mais aussi Massenet (Scènes alsaciennes) et Roussel (Bacchus et Ariane) un compositeur dont François-Xavier Roth se sent « de plus en plus proche». Cette installation au Théâtre des Champs-Élysées se propose par ailleurs de « visiter l’histoire de cette maison, jalonnée de nombreux événements, comme les créations du Sacre du printemps par Pierre Monteux en 1913 ou de Déserts de Varèse par Hermann Scherchen en 1954 ou bien encore le premier Ring de Wagner en allemand à Paris, en 1929 ». Aussi pour ra-t-on entendre, en version de concert, un Vaisseau fantôme avec James Rutherford et Ingela Brimberg.
« Nous sommes seulement au début de nos redécouvertes sur instruments d’époque. Nous avons déjà appréhendé Mahler mais Bruckner et Richard Strauss, par exemple, restent à venir. »