De Lassus à la Górecki, de la voix au piano, historique ou moderne, la programmation de la huitième édition rappelle qu’il ne faut pas hésiter à surprendre et à faire découvrir.

Crédits Photos : Rémi Angeli
Conçu comme une double immersion, visuelle (création vidéo et mapping de Jemma Woolmore) et sonore, « Bach Minimaliste » invite vingt musiciens de la compagnie La Tempête à parcourir d’un seul élan un programme qui va du Concerto pour clavecin BWV 1052 de Bach à des pièces de Henryk Górecki, Knut Nystedt, John Adams, et Jehan Alain. Placés sous la direction de Simon-Pierre Bestion et répartis en groupes de deux ou trois instruments à cordes (en boyau) de manière symétrique, ils sont installés à des hauteurs différentes, au milieu d’écrans dédiés mapping (projection vidéo pensée pour créer des images en trois dimensions). Malgré cette disposition peu propice à l’écoute mutuelle, les artistes parviennent à une belle cohésion même si le Bach surprend alors que les accords plaqués – et avec quel panache, par Louis-Noël Bestion de Camboulas ! – du début du Concerto pour clavecin de Górecki sonnent en parfaite harmonie. Ce début péremptoire et obstiné génère un flot incessant d’énergie et une vibration hypnotique qui rapprochent Bach des musiques répétitives du XXe siècle. Des images d’origamis qui s’animent, de feu qui s’embrase, de flocons de neige qui tombent, des traits géométriques futuristes, du noir et blanc au rouge flamboyant ou au vert ou bleu apaisant, mènent le spectateur vers un pays enchanté. Cette bonne heure d’immersion totale ne laisse pas indemne.

Les Concerts d’Automne parient à raison sur la curiosité du spectateur et lui réservent de nombreuses surprises. En plus des étonnants concerts de l’ensemble I Gemelli dans le TER entre Paris et Tours, ils présentaient ainsi, en première mondiale, dans le cadre d’un nouveau cycle appelé « Cabinet de curiosités », un piano-pédalier de la firme belge Chris Maene. Dévoilé lors de l’exposition universelle de 1851 par la maison Érard, cet instrument singulier, dispose, comme un orgue, d’un pédalier qui commande un second piano. Un récital de Roberto Prosseda permit d’entendre le Concerto pour piano-pédalier de Gounod et des pièces de Schumann (extraits des Études pour piano pédalier op. 56 et Esquisses op. 58) habituellement interprétées sur un piano « classique ». Dans deux fantaisies de Mozart et Après une lecture de Dante de Liszt, quelques notes de basse renforcent l’harmonie, mais dans la Passacaille et fugue en ut mineur BWV 582 de Bach, le pédalier joue le thème comme sur l’orgue. L’interprète doit maîtriser une technique spécifique et exigeante, y compris le changement dans la position du corps et la distribution de la force sur les deux claviers. Le pianiste joue avec une dynamique allant du triple piano presque inaudible au double forte, mais il faut du temps pour s s’habituer à la sonorité de cet instrument neuf pour en mesurer toute la subtilité.
Pour plus d’informations :
20 et 21 octobre au Grand Théâtre de Tours