Distinguant les meilleurs duos chant-piano dans le domaine du lied et de la mélodie, le Concours international de chant-piano Nadia et Lili Boulanger nous donne rendez-vous pour sa douzième édition.

Concours Boulanger, Salle du Conservatoire d'Art dramatique, Paris ©SDP

Crédit photo : SDP

Créé par le Centre international Nadia et Lili Boulanger (CNLB) en 2001, le Concours international de chant-piano Nadia et Lili Boulanger nourrit un triple désir : favoriser la carrière des candidats, faire vivre le répertoire de la mélodie et du lied et encourager la création d’œuvres nouvelles.

Organisée à Paris au Conservatoire national supérieur d’Art dramatique, cette joute biennale est connue pour son programme particulièrement exigeant. En effet, les musiciens ont la charge de présenter une trentaine d’œuvres balayant un très large spectre au sein de la mélodie française et du lied allemand. De Haydn et Mozart aux ouvrages contemporains, les candidats devront réussir à bâtir leurs épreuves avec cohérence et équilibre. « Pour répondre aux contraintes du règlement, c’est un vrai casse-tête ! », confie Alexandra Laederich, déléguée générale du CNLB. À ces attentes du jury s’ajoute un florilège d’œuvres au choix ouvrant une marge de liberté immense. « Si les Japonais, les Danois, les Grecs…, ont envie de choisir une chanson traditionnelle de leur pays, ils le peuvent », précise Alexandra Laederich. En douze éditions de concours, le comité artistique a su peaufiner les programmes, assurant ainsi au public d’entendre des pièces très variées.

À chaque édition sa commande originale

Soutenant activement la création musicale, le CNLB passe une commande originale à chaque édition du concours. Pour 2023, Gérard Pesson a composé N’allez pas au bois, en souvenir de la chorale du lycée où il chantait la Ronde des Trois Chansons de Ravel dont Ravel lui-même a écrit les textes. Consistant en une énumération de créatures fantastiques peuplant les forêts, cette mélodie mêle à la musique le goût des mots rares et de la poésie.

« Les compositeurs contemporains ont peu l’occasion de mettre leur patte sur la mélodie française. C’est à déplorer. Il y a une centaine d’années, il suffisait de secouer un arbre pour trouver un musicien qui en avait écrit des quantités. Je pense que le fait de tisser à nouveau des liens entre musicologues, compositeurs et interprètes suscite un véritable enthousiasme chez les artistes qui prennent la plume pour nous », explique le ténor Cyrille Dubois, finaliste du concours en 2009 avec le pianiste Tristan Raës, et membre aujourd’hui du comité artistique de l’événement.

Depuis la dernière édition, la création de l’œuvre contemporaine a été avancée de la finale à la demi-finale : douze interprétations contre six au maximum, c’est d’autant plus de chances pour l’œuvre d’entrer au répertoire. Cyrille Dubois rebondit sur la notion de transmission, centrale pour le concours : « Nous sommes les héritiers de celles et ceux qui ont créé cette grande tradition de la mélodie, et nous avons envie que le répertoire continue de vibrer et de s’enrichir grâce à de nouveaux interprètes et de nouveaux compositeurs. Si l’on pense à Brassens, Édith Piaf, Renaud…, la mélodie est en quelque sorte l’ancêtre de la chanson française. Il y a à mes yeux une certaine filiation : la musique n’est pas la même, mais l’amour du texte persiste. »

Cette rencontre indissociable entre la voix et l’instrument, spécificité du genre de la mélodie, est à l’origine d’une réforme majeure du concours. En 2011, l’événement franchit un point de non-retour : les membres des duos ne sont désormais plus évalués pour leurs qualités individuelles mais pour leur travail de chambriste – le Prix de mélodie de la Fondation Étrillard, le Prix de lied de la Fondation Eurydice et le Prix du CNLB pour la meilleure interprétation de l’œuvre commandée s’adressant aux duos.

Couronné de prestige

Assurant d’emblée un certain prestige au concours, les prix seront décernés par un jury de musiciens reconnus présidé cette année par le pianiste Graham Johnson. Autre symbole fort en faveur du répertoire : à l’occasion du centenaire de Rainier III, la principauté de Monaco qui offre le Grand Prix de Duo Chant-Piano a souhaité augmenter son montant. Celui-ci passe de 12 000 € à 18 000 €. Cette magnifique reconnaissance valorise tant la mémoire du prince que la belle amitié qui le liait à Nadia Boulanger. Pour couronner le tout, cette année le prix sera remis par Son Altesse Royale, la princesse Caroline de Hanovre.

Pour plus d’informations

Du 26 au 29 octobre

Concours international de chant-piano Nadia et Lili Boulanger
Conservatoire national supérieur d’art dramatique.
cnlb.fr/le-concours