Lakmé de Delibes – Opéra Royal de Wallonie – LIÈGE – LE ler OCTOBRE 2022

Davide Garattini situe l’action au temps de la colonisation britannique avec l’omniprésence de Gandhi au rouet, spectateur muet d’événements rétrospectifs ayant marqué un engagement ici très prégnant. Le décor de Paolo Vitale ne fait l’économie ni de la couleur locale (le drapeau indien, un temple hindou et ses dieux, un marché où se trame le drame), ni de la présence anglaise (un c/ubhouse décalé sur lequel veille le portrait de la reine Victoria). Dans le rôle-titre, Jodie Devos de bleu vêtue séduit par la sensibilité d’une approche qui triomphe des prouesses techniques de soprano colorature sans en faire une fin en soi. Son duo avec la servante Mallika de Marion Lebègue apporte une note de fraîcheur et de pureté vocale. En Gérald, l’amant passionné, Philippe Talbot paraît empesé dans son costume militaire mais il prend des risques et cela le conduit parfois à forcer ses aigus face à son ami Frédéric, bien campé par Pierre Doyen, tout de raison et d’empathie. Le prêtre brahmane Nilakantha, père vindicatif de Lakmé, est servi avec autorité par Lionel Lhote qui crève littéralement l’écran par son chant profond et incarné. Les autres personnages féminins dont se détache Sarah Laulan en gouvernante caricaturale de la bonne société anglaise sont davantage des faire-valoir. Quant à Frédéric Chaslin, il sait insuffler à sa direction et aux chœurs l’énergie, le sens dramatique et chorégraphique qui conviennent, tout en valorisant la qualité subtile des timbres d’un orchestre liégeois au mieux de sa forme.

Crédit photo : J. Berger