Non, Bach ne s’est pas étiolé dans une ville de Leipzig provinciale et terne. Non, Bach n’a pas été oublié sitôt disparu. Non, Bach n’était pas une imperturbable machine à composer. Autant de légendes et erreurs que Gilles Cantagrel (invité de notre dernier numéro), qui côtoie Bach comme d’autres leur voisin de palier, s’attache à corriger dans un récit avec la plume déliée qu’on lui connaît. Il propose un parcours en seize étapes qui, des lieux fréquentés par le compositeur à ses traces manuscrites, permet d’appréhender la personnalité, le caractère, l’art, la foi de Bach à la lumière de son environnement familial, professionnel, musical, religieux, social. Bach dans l’intimité de son foyer, à sa table de travail ou dans les conflits qui l’opposent à un organiste jaloux ou un recteur maladroit de l’école Saint-Thomas. Les considérations sur Bach et le baroque ou l’opéra ouvrent par ailleurs des perspectives auxquelles devrait s’intéresser tout interprète de sa musique sacrée. Au terme de ces quelque cinq cents pages, Bach paraît à la fois plus proche et plus complexe que jamais.

Sur les traces de J.-S. Bach, Gilles Cantagrel, Buchet-Chastel, 496 p., 32,90 €.

Au soleil andalou

Composer, c’est fatalement explorer ses racines… les miennes se nomment l’Espagne, sa peinture, sa poésie[…], le flamenco, certains rythmes venus d’Orient », expliquait Ohana. Du Tiento au Cadran lunaire en passant par la suite Si le jour paraît…, Stéphane Sacchi sonde l’œuvre pour guitare à dix cordes du compositeur français, évocation d’une Andalousie transcendée dans laquelle circulent les ombres de Chopin, Ravel ou Falla. Entre musicologie, anthropologie et philosophie, l’auteur nous transporte au cœur du laboratoire ohanien, interroge ses oxymores, livrant les clés de compréhension de cet univers cosmique et poétique.

Maurice Ohana, L’Œuvre pour guitare, Stéphane Sacchi, L’Harmattan, 286 p., 30 €.