Incontestablement, ce fut la reine de France la plus mélomane et musicienne. Issue d’une famille où l’art occupe une place importante, instruite à Vienne par Reutter, Wagenseil et Gluck, Marie-Antoinette (1755-1793) s’installe à Versailles à 15 ans, après son mariage avec le futur Louis XVI. Passionnée par la harpe mais également capable de jouer du clavecin et du pianoforte comme de chanter, la nouvelle souveraine se montre également une spectatrice assidue. Sans désavouer le style national, elle ouvre les portes du royaume à des compositeurs étrangers qui vont enrichir un répertoire encore très franco-centré. Piccinni, Sacchini, Salieri ont ses faveurs mais aussi Gluck, bien sûr, qui séjourne à Paris entre 1774 et 1779. Ses opéras (Iphigénie en Aulide, Armide, Iphigénie en Tauride) et sa réforme, son « concept de continuité dramatique » vont très sensiblement influencer
la création lyrique française.
S’il lui arrive d’être sur la scène du petit théâtre de Trianon, pour interpréter Monsigny, Duni ou Favart, Marie-Antoinette a pleinement conscience de ses limites artistiques. Patrick Barbier ne cherche pas à faire croire le contraire, tentant une réhabilitation improbable d’une « Madame Déficit » aux talents incompris. L’auteur, en revanche, armé d’une solide documentation, combat l’image d’une femme superficielle et inconséquente, et rappelle son engagement en faveur de la nouveauté, de l’opéra-comique, de l’École royale de chant et de déclamation esquisse du Conservatoire de Paris. Patrick Barbier se montre un conteur généreux et enthousiaste, sachant tenir l’attention du lecteur.
Marie-Antoinette et la musique
— Patrick Barbier – Grasset. 448 p., 25 €
