La diva au dernier degré bouleversante. « La Tosca du siècle », dit-on, oui, voire au-delà.

C’est d’abord une œuvre d’une rare puissance théâtrale, portée par une musique à la modernité suffisamment forte pour être en même temps une musique profondément populaire, parce qu’à l’impact directement physique. Victor de Sabata sait lui donner sa vigueur rythmique, son énergie rarement soulignée avec une telle acuité. Et bien sûr il y a Callas, à son meilleur en 1953 (elle 29 ans), Callas déchirée et déchirante, tigresse, la voix éclatante ou feulante, avec une ressource de couleurs et d’accents proprement infinis – Tosca haletante de jalousie, calcinée de détresse, terrible de haine face à Scarpia explosant dans ces inflexions inoubliables, le souffle mortifère de son « Quanto ? Il prezzo ! », le
cri de bête triomphante du « Muori dannato ! ».

Jamais vous n’entendrez une telle violence désespérée, un chant fouaillant ainsi très au fond l’animalité projetée. Soixante-dix ans après, ce disque n’a pas pris une ride : il est toujours contemporain par l’émotion, toujours une leçon par cette fusion unique de la voix et du théâtre. Bien sûr Di Stefano, Gobbi, tout y concourt. Mais c’est Callas qui fait cet enregistrement unique.

PUCCINI
Tosca
Maria Callas, Giuseppe
Di Stefano, Tito Gobbi, Chœurs
et Orchestre de la Scala de Milan,
dir. Victor de Sabata
LEEMAGE
Warner, 1953