Récemment nommé conseiller musical de l’orchestre de paris, dont il deviendra ainsi le directeur musical en 2022, le jeune chef originaire d’Helsinki expose ses ambitions et ses objectifs.

Crédit photos : Marco Borggreve
Vous retrouvez l’Orchestre pour le concert de reprise après le confinement. Un contexte particulier !
Le travail est différent à cause des distances à respecter, mais l’Orchestre s’est adapté très rapidement. Les musiciens sont adorables et pleins d’inspiration. Ce n’est que la deuxième fois que je les dirige, je ne les connais pas encore bien personnellement, mais je ressens la connexion musicale.
Comment s’est passée votre nomination ?
Lorsque j’ai rencontré l’Orchestre de Paris pour la première fois, en juin 2019, j’en suis ainsi tombé amoureux pour sa discipline, sa sensibilité et son engagement très fort, qui lui permettent une grande liberté dans l’expression. La proposition que j’ai reçue en début d’année arrivait d’ailleurs au bon moment. La vie de chef est faite de voyages incessants, et j’étais alors frustré de disposer de si peu de répétitions pour travailler. J’ai ainsi décidé de me concentrer sur deux formations: l’Orchestre de Paris et l’Orchestre philharmonique d’Oslo.
Votre définition de la mission de l’Orchestre de Paris ?
Représenter un large éventail de programmes variés et interpréter différents styles de musique avec souplesse. Alors que les formations perdent aujourd’hui un peu de leur identité, l’Orchestre de Paris a conservé toute sa spécificité, son propre son, sa voix.
Quel répertoire voulez-vous aborder ?
Je souhaite balayer un répertoire très vaste, de la musique ancienne jusqu’à la musique d’aujourd’hui, en passant par le classique, les œuvres romantiques tardives – très importantes pour l’Orchestre et le public –, mais également le xxe siècle, qui a magnifiquement nourri le répertoire symphonique. Sans oublier le xxie siècle ! Il y a tant d’excellents compositeurs, français ou finlandais notamment, mais aussi en Amérique du Sud…
Y a-t-il des compositeurs dont vous vous sentez moins proche ?
Non, pas particulièrement. Je n’aime pas détester les compositeurs, mais Carl Nielsen, par exemple, ne fait pas partie de mes centres d’intérêt. Du moins, pas encore.
Quel travail comptez-vous mener avec l’orchestre ?
Affiner une variété de styles nous permettra de devenir chaque jour de meilleurs interprètes. Je voudrais également aller chercher de nouvelles sonorités et couleurs d’orchestre. La musique française est très propice à cela, et Ravel, que nous travaillons en ce moment, offre cette occasion.
Quels furent vos premiers rapports à la musique ?
J’ai commencé le violoncelle au milieu d’une famille de musiciens, puis je suis entré, à sept ans, dans le Chœur d’enfants de l’Opéra national de Finlande. Une révélation ! À douze ans, j’ai décidé de passer le concours pour apprendre la direction, alors que j’entrais en violoncelle à l’Académie Sibelius. Le professeur, Jorma Panula, avait eu comme élèves Salonen, Saraste, Franck… Nous avions une leçon par semaine pendant laquelle nous dirigions un petit ensemble. C’est devenu une habitude et une position très naturelle, ce qui m’a permis de commencer à diriger professionnellement à mes dix-huit ans.
Mikko Franck dirige l’Orchestre philharmonique de Radio France depuis 2015. Avec votre arrivée, Paris va devenir très pourvu en chefs finlandais !
Sans compter Susanna Mälkki, qui vit en France ! Nous sommes très nombreux en effet, nous allons bientôt pouvoir constituer une mafia ! La Finlande produit énormément de chefs, et Paris abrite d’excellents orchestres, ce qui explique la rencontre.
Pensez-vous à enregistrer ?
Oui, bien sûr ! Il est fondamental de préserver certains moments, pour en garder la mémoire. Nous allons mener des projets très intéressantes, mais je ne peux pas encore en parler. Vous verrez bien !
Propos recueillis par Aude Giger
➔ Au Concertgebouw d’Amsterdamn, les 24 et 25 septembre : Symphonie n°1 de Sibelius.
➔ À la Philharmonie de Cologne, le 26 septembre : Concerto pour piano n°1 de Tchaïkovski, Symphonie n°1 de Sibelius.
➔ Les 18 et 19 novembre, à la Philharmonie de Paris : Symphonie n°2 de Mahler.
➔ Les 17 et 18 mars 2021, à la Philharmonie de Paris : Pavane pour une infante défunte de Ravel, Concerto pour piano n°3 de Bartók (Kirill Gerstein), Symphonie n°9 de Bruckner.