L’association 100 FEMMES DE CULTURE, créée par Stéphan Paris et présidée par Hélène Fulgence, défend les valeurs de parité, d’égalité, de diversité et d’inclusivité. Le prix 100 FEMMES DE CULTURE distingue les personnalités dont le parcours ou les actions sont inspirants, créatifs. Valérie Chevalier en est lauréate pour l’édition 2023.

Crédit Photo : Marc Ginot

L’association 100 FEMMES DE CULTURE a été créée par Stéphan Paris et est présidée par Hélène Fulgence. Il défend les valeurs de parité, d’égalité, de diversité et d’inclusivité. Le prix 100 FEMMES DE CULTURE distingue les personnalités dont le parcours ou les actions sont inspirants, créatifs. Valérie Chevalier en est lauréate pour l’édition 2023.

Classica : Valérie Chevalier, vous êtes lauréate de 100 Femmes de la Culture 2023 depuis ce 9 octobre. Quelles sont les réactions de la Directrice de l’Opéra Orchestre national de Montpellier Occitanie (OONM) ? Et celles de la femme ?

Valérie Chevalier : Je suis professionnelle de la Culture. J’ai donc accueilli cette nomination avec beaucoup de bonheur. Je me sens très gratifié en étant  reconnue par mes pairs. La cérémonie de nomination était un moment d’émotion car de grande sororité. Les lieux où toutes les catégories professionnelles et toutes les générations de notre secteur sont représentées sont assez rares.  L’association 100 femmes de Culture est un réseau d’inspiration et de mise en lumière avant tout.

Je suis une femme donc la rencontre avec de jeunes professionnelles et entrepreneuses me fait dire que la place des femmes dans la culture à des postes stratégiques et constructifs tend à se développer. C’est d’ailleurs extrêmement réjouissant. Dans notre secteur de la musique classique, les femmes sont encore assez minoritaires, directrices d’établissements, cheffes d’orchestre metteuses en scène, compositrices… sans compter les métiers techniques.

Classica : En sus de l’impact médiatique de cette distinction, comment peut-elle valoriser la fonction de directrice d’opéra alors que vous-même et Caroline Sonrier (Opéra de Lille) êtes des pionnières en France ? Peut-elle susciter plus d’initiative, plus de vocation pour les jeunes ?

 

Valérie Chevalier : Je ne pense pas qu’il s’agisse d’un manque de vocation. Les femmes  souffrent d’un manque de représentation et de modèles  qui font qu’elles n’osent s’imaginer à des postes de direction. De plus, l’âge de maturité pour devenir une directrice d’Opéra avant d’avoir occupé d’autres postes se situe entre 35 et 45 ans. Cela coïncide avec l’âge de la maternité. La maternité est, dans notre société, encore un frein. En général une femme avec un métier chronophage à horaires atypiques est peu accompagnée.

Aujourd’hui, en France, nous ne sommes que trois directrices d’Opéra. Pourtant, les étudiantes en Master d’administration du spectacle sont majoritaires. Comment expliquer cette déperdition ? En revanche on retrouve les femmes à des postes d’adjointes, d’administratrices générales ou de directrices de production, c’est à dire à des niveaux hiérarchiques 2 ou 3. Les numéros 1 pourraient encourager leurs collaboratrices à s’élever au-dessus du plafond de verre.

Classica : Depuis votre nomination à la direction de l’OONM en 2014, la programmation s’est orientée vers un renouvellement des spectacles et concerts, mais aussi des modalités d’accès aux publics. Dans un secteur fragilisé, quelles sont les actions concrètes les plus porteuses d’avenir ?

 Valérie Chevalier : Ma première préoccupation est de proposer un projet en cohérence avec la diversité des habitants de son territoire.  Il faut un l’élargissement des publics et un certain niveau d’accessibilité. Le financement provient principalement de l’argent public . Chaque structure conçoit un projet pour sa Métropole et sa Région. À Montpellier, il y a une forte attente des familles et des établissements scolaires. C’est d’ailleurs une des villes de France qui connaît un important développement démographique. Nous organisons d’ailleurs des concerts dans les zones rurales. Ils sont d’ailleurs extrêmement appréciés. Nous devons d’ailleurs trouver les moyens de diffuser aussi l’opéra dans ces zones situées loin des métropoles.

Classica : L’OONM s’est engagé dans les créations lyriques depuis les années 80. Cet engagement se poursuit sous votre direction  avec le théâtre musical (La Soup’pop), les nouvelles thématiques sociales – Like Flesh (2022), Climat (2023). Avec vos partenaires européens, sera-t-il possible de consolider cette politique lors des prochaines saisons ?

Valérie Chevalier : Je pense qu’aujourd’hui les “nouveaux récits” font également partie des attentes de nos publics. Les titres-phares composés aux grandes heures de l’opéra serotn pour autant toujours joués.  Ils restent le cœur de notre répertoire et de nos savoir-faire. En période contrainte, les équilibres des saisons “idéales” seront néanmoins quelque peu chahutés. Néanmoins, nos maisons doivent rester des lieux d’émotion partagée mais également des lieux d’émancipation par la Culture.