À Paris, le quartier de la Nouvelle Athènes expose les héroïnes romantiques.

Desdemone, Lady Macbeth, Juliette, Sapho… toutes ces héroïnes ont peuplé les salons romantiques du xixe siècle, circulant du papier à la toile, puis s’incarnant sur scène, au théâtre ou à l’opéra. Alexandre Dumas, Madame de Staël, Hector Berlioz ou Eugène Delacroix ont concentré leurs attentions sur elles ; le musée de la Vie Romantique leur rend aujourd’hui hommage dans une exposition dédiée.

Gaëlle Rio, commissaire de l’exposition et directrice du musée a souhaité interroger le romantisme en adoptant un angle grand public : « L’idéal féminin est très fort à l’époque romantique, il incarne la force de la passion, le drame et les destins tragiques. » La dramaturgie de l’exposition nous permet notamment de suivre le fil tiré par les artistes autour de Desdemone, héroïne qui doit le verbe à Shakespeare, à qui Rossini prêta une voix en 1816, avant qu’elle ne soit transposée en peinture par Delacroix en 1852.

Les figures présentées dans les deux premières salles consacrées aux héroïnes du passé et aux héroïnes de fiction prennent vie dans une troisième qui met en valeur les héroïnes sur scène. Projetée au mur, Pretty Yende interprète le rôle de Violetta dans la Traviata mise en scène par Simon Stone. On découvre dans le même espace une robe de la Sylphide et les portraits des rivales Giuditta Pasta et Maria Malibran (ci-dessus) de François Gérard et Henri Decaisne, posant toutes deux en Desdemone. « Le fait qu’elles soient représentées dans leurs rôles les plus célèbres montre le phénomène d’icône et de diva qui se développe à l’époque », souligne Gaëlle Rio.

Crédit photo :
Musée Carnavalet, Paris Musées/Histoire de Paris

Faire cohabiter dans une même salle des éléments aussi variés a fait partie du défi relevé par l’exposition. La scénographe Cécile Degos insiste sur l’enjeu d’un tel sujet : « L’objectif de la scénographie était de favoriser la communication entre tous les médiums : livres, vases, gravures ou peintures… » De son côté, Gaëlle Rio a manifesté son souhaite de développer ce genre de conversations au sein de la maison qui accueillait Chopin ou Liszt dans ses fastes années.