I Capuleti e I Montecchi de Bellini en concert à Salzbourg n’offre pas une soirée magistrale.

I Capuleti e i Montecchi, Salzbourg, 2023 : Giovanni Sala (Tebaldo), Aigul Akhmetshina (Romeo), Marco Armiliato (Conductor), Elsa Dreisig (Giulietta), Michele Pertusi (Capellio), Roberto Tagliavini (Lorenzo), Mozarteum Orchestra Salzburg, Philharmonia Chor Wien © SF/Marco Borrelli
Compléments à moindre frais, désormais récurrents, des grandes productions lyriques scéniques, les opéras donnés en concert au festival peuvent offrir des soirées magistrales, comme cette Adrienne Lecouvreur ébouriffante en 2019, déjà confiée à Marco Armiliato, à l’Orchestre du Mozarteum et au Philharmonia Chor Wien. On n’a pas retrouvé pareille réussite avec l Capuleti e I Montecchi.
L’orchestre n’est pas ici dans son domaine d’élection : grand spécialiste de Mozart, il laisse au vestiaire la cantilène et les couleurs belliniennes, étrangères à sa nature sonore. Marco Armiliato aura beau lui offrir l’élégance d’une battue porteuse de l’énergie, des équilibres, des phrasés indispensables, la formation ne sonne pas pour autant dans le style requis. Le chœur donne, lui, l’impression d’une lecture à vue, et s’avère parfois bien bruyant, à l’égal de l’orchestre. Les solistes n’enchantent pas non plus, faute d’un chant souverain uniment partagé.
Michele Pertusi n’a plus la maîtrise parfaite de la ligne requise par le rôle de Capellio : vibrato intense, tenue limitée, timbre grisé sont là pour parler d’âge. Mais Giovanni Sala, lancé par Muti en 2017, n’a pas cette excuse pour incarner un Tebaldo peu glorieux : timbre sans grande séduction, chant tendu, fragile, il craque bientôt quelques aigus. Roberto Tagliavini est lui sans reproche, mais le rôle bien creux de Lorenzo n’est pas de ceux qui font briller sa belle basse.
Reste les deux voix féminines, décevantes. Remarquée en Pauline à Baden l’an dernier pour la beauté de son timbre profond et charnu, Aigul Akhmetshina se lance dans Romeo avec une ardeur un peu scolaire, en forçant le ton en permanence, comme pour montrer une domination du rôle qui n’est pas encore son fait. Rayonnement et émotion manquent encore. Elsa Dreisig n’est pas à son meilleur. Grave peu audible, aigu inquiet, prudent, avec quelques notes regrettables au passage, elle est loin de dominer cette Juliette qui n’est pas pour elle. Au duo final, les deux chanteuses se libèrent enfin, et donnent le signal d’un grand moment de chant italien. Mais c‘est vraiment bien tard.
Pour plus d’informations
Salzbourg, Manège des rochers, le 21 août.