Viktor Alexandrovich Pikaizen, l’un des grands disciples de David Oïstrakh, s’est éteint le 8 juillet à l’âge de 90 ans.

Viktor Alexandrovich Pikaizen © SDP
Né à Kiev en 1933, fils d’un violoniste solo de l’opéra de la ville qui lui donne ses premières leçons, et d’une pianiste élève de Simon Barere, il entame ses études au conservatoire dans la classe de Joseph Gutmann. En 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, sa famille est déplacée à Alma-Ata au Kazakhstan. Il y fait ses débuts à 9 ans dans le Concerto n° 2 de Wieniawski et reçoit durant cinq ans le seul enseignement de son père. En 1946, invité à Moscou pour jouer le Concerto de Nikolaï Rakov qu’il a appris en treize jours, il est remarqué par David Oïstrakh qui le prend comme élève. Il le demeurera durant quatorze ans ! Il collectionne alors les prix internationaux. Second prix à Prague au Concours Kubelik en 1949, il remporte le 5ème Prix Reine Elisabeth en 1955, puis le second au Long-Thibaud en 1957 et l’année suivante au Concours Tchaïkovski. En 1965, il triomphe à Gênes au Premio Paganini.
Les 24 Caprices de Paganini en une seule soirée
Nommé professeur au conservatoire de Moscou, où il enseignera durant 18 ans (1968-1986), il se forge une solide réputation de pédagogue tout en menant une intense carrière de soliste. Membre régulier des jurys de concours internationaux, il se fixe ensuite en Turquie et enseigne au conservatoire d’Ankara. Champion du répertoire pour violon seul, Viktor Pikaizen faisait partie des rares virtuoses capables de jouer sur scène les 24 Caprices de Paganini en une seule soirée. Ce qu’il fit à soixante-dix-huit reprises au cours de sa carrière ! Il en laisse une intégrale au disque, à côté des Sonates et Partitas de Bach et des Sonates d’Ysaÿe, de la Sonate « Monologue » que Khatchaturian lui a dédiée, comme de pages rares signées Mostras, Weinberg, Levitin. Sa discographie, essentiellement gravée pour Melodiya et peu connue en Occident, comprend également les concertos de Beethoven, Mendelssohn, Wieniawski et Kabalevski, celui de Dvořák sous la baguette son vénéré maître David Oïstrakh, celui de Boris Tchaïkovski dont il est dédicataire, la Symphonie concertante de Mozart aux côtés d’Igor Oïstrakh, ainsi que des sonates avec sa fille Tatiana ou la grande Maria Yudina.
Artiste du peuple de la Fédération de Russie, cet homme modeste et courtois, passionné d’échecs, de comédies musicales et de peinture italienne, a joué au cours de sa carrière de précieux instruments signés Rogeri da Brescia (1665), Giuseppe Guarnerius (1700), son Lorenzo Storioni de 1774 ayant été son principal violon de concert.