C’était « un être exceptionnel, d’une grande douceur, qui dégageait un amour pour l’humanité extrêmement attachant », selon le chef Sylvain Cambreling au micro de France Musique, évoquant le compositeur belge Philippe Boesmans, mort le 10 avril à l’âge de 85 ans.

Né à Tongres, en Belgique, le 17 mai 1936, Philippe Boesmans étudie le piano à Liège ; il obtient un Premier Prix au Conservatoire royal de la ville wallonne puis rejoint le conservatoire de Bruxelles dans la classe de Stefan Askenase qui l’encourage à embrasser la composition. À la fin des années 1950, il rencontre Henri Pousseur, Pierre Froidebise, André Souris et encore Célestin Deliège, et se rapproche de l’esthétique sérielle étudiée à l’académie d’été de Darmstadt. Il se place alors sous l’influence de Webern, Messiaen, Boulez et Stokhausen.

Philippe Boesmans revient ensuite à la consonance, sans souscrire pour autant à un « néo-classicisme ». On le reconnaît dès lors pour la spontanéité de son langage tendre et narratif, sa musique légère mais sans facilité, qui met en valeur de nombreux éléments mélodiques.

Après avoir consacré plusieurs œuvres à la musique de chambre (Sonances pour deux pianos en 1963 ou Corrélations pour clarinette et deux groupes instrumentaux en 1967), il associe durablement son nom à l’opéra grâce à une collaboration puis une résidence, à partir de 1985, au Théâtre royal de la Monnaie sous les mandats de Gérard Mortier, Bernard Foccroulle et Peter de Caluwe.

Verront ainsi le jour La Passion de Gilles, son premier opéra, en 1983, Reigen (1993) d’après La Ronde d’Arthur Schnitzler, Wintermärchen d’après The Winter’s Tale de Shakespeare (1993), puis Julie (2004).

Les trois derniers sont le fruit d’une fidèle collaboration avec le metteur en scène et librettiste Luc Bondy, qui cosigne également un dernier projet avec Philippe Boesmans : Yvonne, princesse de Bourgogne, créé à l’Opéra national de Paris en 2015. Au Monde (2014) et Pinocchio (2017) furent ses deux derniers opéras présentés au public, en collaboration avec Joël Pommerat – le dernier qui mettait en scène Stéphane Degoût, magnifique sur scène et au disque (Cypres, CHOC, Classica n° 201). La création posthume de On purge bébé, d’après Feydeau, sur un livret et dans une mise en scène de Richard Brunel, lancera un dernier hommage à ce compositeur qui restera parmi les plus importants de son temps.