Bande à part
Cela ressemble à une plongée dans le passé ou un à hommage un peu décalé à la technologie d’hier. Présenter en 2022 un magnétophone à bandes, à l’époque du smartphone, des objets connectés, des écouteurs sans fils peut paraître totalement détaché de la réalité. La petite entreprise Analog Audio Design, installée à Pleumeur-Bodou, dans les Côtes-d’Armor, a pourtant relevé le défi. Son TP-1000, entièrement monté à l’unité, est modèle de haut de gamme qui comprend trois moteurs, trois têtes, fonctionne sur deux pistes en deux vitesses : 19 cm/s et 38 cm/s. Si l’appareil semble d’un autre temps, la technologie est bien d’aujourd’hui comme en atteste un large afficheur numérique tactile très lisible. Une prise Ethernet RJ45 permet un contrôle à distance et la mise à jour du logiciel. Le TP-1000, équipé d’une sortie casque au format jack 6,35 mm et d’un réglage de volume en façade, existe en deux versions. La « Gold Edition » se distingue par une finition en aluminium massif.
Écoute

SDP
C’est avec un mélange de curiosité et, avouons-le, de scepticisme que nous nous sommes rendus chez Acoustic Gallery, rue Gounod, à Paris, où était présenté la TP-1000 en présence de son concepteur Christophe Martinez. Le prix de l’appareil mais aussi des bandes enregistrées (il faut compter entre 250 € et 600 €) réserve ce type d’écoute à un public passionné. Les bandes écoutées, normalement copiées d’après les bandes master, sont censées s’approcher le plus près possible de la source originale, du son produit au studio, pas encore sujet aux interventions qu’implique la fabrication du disque. Il n’a pas fallu bien longtemps pour, en effet, apprécier une plénitude sonore, une fluidité musicale, une restitution nuancée d’un naturel désarmant. L’album mythique Melody Nelson de Serge Gainsbourg fait entendre une multitude de détails qui donnent l’impression d’être dans le studio d’enregistrement : l’emplacement des voix face aux micros, le large spectre sonore des guitares électriques, l’ampleur et l’articulation de la ligne de basse, le mixage et la superposition de ces différentes pistes, la présence, tout simplement, de la réalité musicale dans la salle d’écoute.
Autre écoute révélatrice, celle de la Symphonie n° 1 de Kalinnikov par Kondrachine avec l’Orchestre philharmonique de Moscou, enregistrée au tout début des années 1960. Les prises de son Melodiya n’ont jamais été louées comme des modèles de justesse, de précision, de générosité, de performances techniques. Sur cette bande qui, sans doute, a accédé à la prise d’origine, ce son russe apparaît dans une netteté et une densité qu’on ne lui connaissait pas. Preuve que les reports n’ont jamais été réalisés correctement et que tout le catalogue Melodiya mériterait d’être intégralement et soigneusement réédité. L’image stéréophonique, la disposition des pupitres, les spécificités des orchestres russes d’alors (le vibrato des cuivres notamment), la tenue de la ligne apparaissent dans une clarté nouvelle. Grâce au transfert bien sûr mais aussi à l’appareil qui lit la bande.
Une telle expérience reste évidemment exceptionnelle et un peu à part mais elle pose de vraies questions au mélomane.
Prix : 15 000 € et 24 000 € (Gold Edition)
Dimensions (L x H x P) : 46,6 x 51,9 x 30,5 cm
Poids : 28 kg
www.AnalogAudioDesign.com
Pour : la prise directe avec la musique
Contre : le prix ?