Frédéric D’Oria-Nicolas, fondateur de Lost Recordings, exhume des trésors musicaux et leur redonne vie.

Quelle est la genèse de « Lost recordings » ?

Je suis d’une génération marquée par le disque. En écoutant des pressages d’époque, j’ai pris la mesure du monde qui séparait les originaux des restitutions sur CD. Entouré d’une équipe d’ingénieurs du son, j’ai cherché à comprendre les raisons de ce décalage. Nous avons fait des tests et mis au point un procédé de restauration grâce à des algorithmes de traitement développés pour chaque problème qui
se présentait. Nous sommes parvenus à un résultat phénoménal sur des enregistrements de Furtwängler, Schnabel, Cortot… que j’avais toujours connus au disque et dont je redécouvrais la richesse.

Comment s’est développée votre activité ?

En 2015, j’ai rencontré Michel Navarra, le fils du violoncelliste André Navarra. Après lui avoir présenté les fruits de mon travail, je lui ai soumis mon projet de coffret rassemblant les meilleures performances de son père. Nous avons entamé ensemble un travail d’enquête auprès des archives européennes pour avoir accès aux bandes : la BBC, Warner, Supraphon à Prague… Cette démarche nous a permis d’exhumer d’autres documents oubliés. Une ligne éditoriale s’est peu à peu dessinée : un artiste de légende, un programme, une prise de son, et une performance exceptionnelle sur des bandes encore inédites.

Que proposez-vous aujourd’hui ?

Nous entreprenons de fabriquer les plus beaux vinyles du monde, distribués en séries limitées. Cela suppose un savoir-faire de pointe que nous sollicitons auprès des plus grands spécialistes, à Los Angeles, dans le Kansas et à Berlin. Notre collection vient de s’enrichir de deux nouvelles sorties. Un coffret de cinq récitals d’Emil Gilels (photo) dénichés aux Pays-Bas présente l’un des plus beaux concerts live que j’aie entendus (1976 au Concertgebouw). Un splendide récital donné en 1969 à la Philharmonie de Berlin par Sarah Vaughan vient par ailleurs compléter la partie jazz de notre série !

Propos recueillis par Aude Giger

Frédéric D'Oria-Nicolas

Crédit photo : AKG-Images