On connaît surtout Busoni pour ses transcriptions de la musique de Bach pour le piano. Mais il n’est pas
qu’un pianiste virtuose. Ferruccio Busoni est aussi un compositeur prolifique, auteur d’un chef-d’œuvre lyrique inachevé, Doktor Faust. Il fait partie des grandes figures progressistes de la scène musicale berlinoise du début du xxe siècle. Ici, ses deux Sonates pour violon et piano, écrites en 1889 et 1898, sont jouées avec beaucoup de relief et un archet expressionniste. La Sonate n°1, Busoni l’a jouée lui-même en Angleterre avec le violoniste Fritz Kreisler, qui adorait cette pièce. Elle s’inscrit dans la tradition du romantisme allemand par son classicisme, sa poésie et l’écriture pour les deux instruments, joliment mises en valeur par le violoniste allemand Ingolf Turban et la pianiste russe Ilja Scheps. Mention spéciale pour le saisissant deuxième mouvement, au jeu intense plein de rondeur.

Busoni considérait sa Sonate n°2 comme son véritable Opus 1, dans le sens où il estimait avoir trouvé là sa propre voix. Composée de onze mouvements courts, elle dévoile une finesse harmonique et envoûte par ses assauts chevaleresques. Quelques passages lents rappellent dans l’écriture ceux des Sonates pour violon et piano de Brahms. Le piano pose ici le cadre formel pendant que le violon virevolte, solide et conquérant. L’interprétation des deux musiciens ne manque pas de piment.

Sonates pour violon
et piano nos 1 et 2

Ingolf Turban (violon),
Ilja Scheps (piano)

CPO 555213-2. 2016. 1h01