« Dans un quatuor vocal masculin, le côté philistin est déjà présent, et pas que pour des raisons musicales », déplorait Felix Mendelssohn… dont la production est curieusement balisée par deux pièces pour chœur d’hommes !

Entre 1820 et 1847 (sept semaines avant sa mort), il aura composé au total trente-huit lieder pour voix d’hommes a cappella. Beaucoup ont été écrits pour ses propres besoins, dans le cercle familial ou amical, et offerts en guise de cadeau ou de remerciement. À la fois éditeur de partitions et label discographique, Carus nous les propose en première mondiale sous la direction experte de Frieder Bernius, lequel parachève son intégrale de l’œuvre chorale du compositeur. Ils agissent comme un épitomé de la sensibilité romantique (profane). Versant élégiaque, voici une Sérénade, un Chant nocturne ou un Hymne à l’espérance∘; versant fantasque, voici une Querelle de musiciens (explicites onomatopées) et, surtout, un chapelet d’airs à boire (ode à l’ivresse ou au vin du Rhin) et de chasse (où passe le souvenir de Weber). L’Ensemble vocal de la Radio de Stuttgart fait d’habiles sauts de puce d’une ambiance à l’autre sans toutefois se départir d’un certain sérieux –○davantage de truculence n’aurait pas nuit. Comme si le chef avait tenu à tremper ce beau bouquet d’inédits dans l’eau d’un même vase.