Pour son troisième disque, Félicien Brut a choisi d’« évoquer un génie de la création musicale par de nouvelles créations ». Soucieux de développer le répertoire de son instrument, l’accordéoniste a donc passé commande à neuf compositeurs. Une seule contrainte, risquée : écrire d’après des thèmes célèbres de Beethoven. L’Odieuse Fugue de Stéphane Delplace est ainsi construite sur l’Ode à la joie de la Symphonie n°9. S’ensuivent d’autres variations, celles de Fabien Waksman, dont le Carcere Oscura se souvient de la Symphonie n°5.
Une lumière pointe à l’horizon avec Réconciliation de Patrice d’Ollone et sa relecture de la «Pastorale », mais In memoriam de Thibault Perrine jette un voile teinté du sombre Allegretto de la Symphonie n°7. D’un allegretto l’autre avec Tempête au Balajo, une valse de Domi Emorine qui révèle le potentiel «musette » de la Sonate « La Tempête ». Les cordes frottées vibrent du même air que le souffle de l’accordéon.
Les dynamiques et les graves superbes de la contrebasse d’Édouard Macarez se dégustent dans Depuis les ombres de Corentin Apparailly, le pot-pourri Il est là de Jean-François Zygel ainsi que la vertigineuse Tarentelle à Kreutzer signée Cyrille Lehn. Ce disque étonnant s’achève avec Après l’orage de Thomas Enhco, inspiré de l’Arietta de l’Opus 111, l’une des œuvres les plus mystérieuses d’un compositeur qui avait raison de dire : « J’écris pour l’avenir. »

« Neuf »
Œuvres de Delplace, d’Ollone,
Perrine, Zygel, Enhco…
Édouard Macarez (contrebasse),
Quatuor Hermès
Mirare MIR542. 2020. 49’