Dans Freitag aus Licht (« Vendredi de Lumière »), nouvelle journée de son opéra géant Licht, Stockhausen poursuit sa théâtralisation exacerbée des grands enjeux spirituels qui l’obsèdent. Eva, incarnée par la soprano Jenny Daviet, accompagnée par un cor de basset, une flûte et une multitude de ses enfants, va-t-elle succomber à la tentation de Ludon alias Lucifer, la basse Antoine HL Kessel, secondé par son fils Caino, le baryton Halidou Nombre, et le reste de sa progéniture ? Œuvre intense qui associe une musique électronique protéiforme et abstraitement narrative à des scènes chantées, cet opéra expérimental confrontant le trivial au sacré est efficacement mis en scène de manière pop par Silvia Costa et dirigé avec virtuosité par Maxime Pascal à la tête de son ensemble Le Balcon, Dans un monde culturel de plus en plus prévisible et consensuel, cet incroyable théâtre métaphysique inventé par Stockhausen sidère à chaque instant, sans jamais choisir la facilité, mais en créant une poésie d’une beauté tout aussi étrange que fascinante.

Freitag aus Licht de Stockhausen, La Philharmonie, Paris, le 14 novembre