Un public enthousiaste saluait la présence de Philippe Jaroussky dans la fosse d’orchestre, chef presque débutant mais sculptant avec pertinence la plupart des caractères en dépit de quelques accidents (justesse du basson, du violon solo ou du cor) au cours d’une soirée de haut niveau.
Côté mise en scène, Damiano Michieletto impose d’inutiles oxymores visuels et une déclinaison appuyée du thème de la mort : Parques dévidant leur fil rouge, Cléopâtre portant un crâne de gnou, fantômes de Pompée et des sénateurs romains. Sabine Devieihle domine un plateau inégal, son chant est en accord avec la séduction d’un personnage oscillant entre Louise Brooks et Rita Hayworth : coloratures impeccables dans le suraigu et phrasé de reine.
Face à des contre-ténors rivalisant dans le genre pyrotechnique Paul-Antoine Bénos-Djian possède un goût parfait et un sens appréciable de la mesure. Vistoli s’impose mais la ligne vocale de Fagioli est parasitée par un vibrato fébrile. L’autorité vocale d’Achille (Salvadori) convainc davantage que le timbre souvent nasal de Richardot. Dans une prise de rôle pavée de pièges Gaëlle Arquez possède l’abattage nécessaire aux coloratures et le timbre riche et dense propice à l’épanchement amoureux.
Jules César de Haendel Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 11 mai

Crédit photo : Vincent Pontet