Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) * * * * *

Le Così de Sven-Eric Bechtolf n’a que faire des transpositions, et autres mises en abyme. Il est naturel, enjoué, en costumes du XVIIIe siècle, installé dans un cylindre de bois brut, et sur une tournette au dessin de rose des vents. Cela suffira à encadrer les émois, parfaitement conduits, chacun ici s’avérant un acteur juste, jusque sous le regard proche de la caméra. Bechtolf a choisi la vérité des sentiments et, sans hésiter, le côté buffo, mais en rien lourd.

Cela passe comme un soupir, un sourire aussi, sans agresser, sans obliger à se questionner, en montrant simplement les tourments de l’amour façon étourneau. On y prend vite plaisir.

Mehta dirige vif, même dans l’alangui, et touche au préromantisme qui dans sa battue se fait heureux, et tout autant sans remise en question. Avec le désir d’un charme absolu du son orchestral (ça balance à l’orchestre, rien de sec), qui ne s’embarrasse pas de nature d’instruments, mais seulement du résultat. Les voix sont chaleureuses, charnues de timbre, solaires.

Certes Hampson n’a plus que l’ombre de sa voix, mais garde une présence qui demeure royale et complice. Swensen et plus encore Olivieri sont exceptionnels. Naforniță a fait en deux ans, depuis Idoménée à Vienne, d’incroyables progrès en intérêt de chant et en intégration dramatique. Berzhanskaya s’impose un peu moins, Torre est une Despina de rêve. En définitive, voilà un délicieux Così. On connaît plus puissant, mais rarement aussi aimable.

Così fan tutte

Valentina Naforniță (Fiordiligi), Vasilisa Berzhanskaya (Dorabella), Mattia Olivieri (Guglielmo), Matthew Swensen (Ferrando), Benedetta Torre (Despina), Thomas Hampson (Don Alfonso), Chœurs et Orchestre du Mai Musical Florentin, dir. Zubin Mehta, m.e.s. Sven-Eric Bechtolf

Naxos NBD0147V.

2021. 3 h 07 MIN